Emblème Impériale

François Etienne Christophe Kellerman

Un homme qui se croit le premier général de l’Europe

Napoléon

François Etienne Christophe duc de Valmy  1735-1820

Kellerman, né le 28/05/1735 à Strasbourg ,est le doyen d’âge des maréchaux.Il avait soixante neuf ans quand il fut élevé à la dignité de maréchal d’empire; alors que le plus jeune, Davout, avait trente quatre ans seulement. Cet homme qui passa la moitié de sa vie sous la monarchie, conserva toujours les habitudes de cette époque révolue. Les cheveux poudrés, roulés sur les oreilles et noués par derrière; les pommettes colorées par un léger fard. C’était un personnage de l’ancien régime évoluant parmi ces dignitaires et généraux de l’Empire qui portaient presque tous, les cheveux courts et les favoris. Petit, les yeux marrons, un nez long mais bien dessiné; ses lèvres, minces et fermés, lui donnaient, une apparence quelque peu ironique. Très soigneux de sa personne, méticuleux dans l’arrangement de sa toilette, Kellerman avait réellement belle allure. De ses longues années de vie de camp, il avait conservé un langage soldatesque qui contrastait avec son aspect distingué, il contrastait d’autant plus qu’il était affligé d’un fort accent tudesque particulièrement désagréable. Complétons ce portrait en disant que Kellerman était un excellent cavalier qui montait réellement bien; sa santé de fer lui permettait de rester à cheval pendant des heures , sans le moindre signe de lassitude.    

Origine

Les aïeux de Kellermann, le nom s’écrivait autrefois Ketermann, étaient originaires de la Saxe. C’étaient des artisans tailleurs qui appartenaient à la petite bourgeoisie de Strasbourg. Son bisaïeul, Pancrace, était prévôt des marchands. Son père, Jean-Christophe, premier échevin de Strasbourg, était marié, en seconde noce, à Marie-Hélène ou Magdeleine Dürr. Onze frères et soeurs entouraient François qui reçut une très bonne éducation. Le jeune garçon manifesta de bonne heure, un vif penchant pour la carrière des armes. En 1752, âgé de dix-sept ans, il entre comme cadet volontaire au régiment de Royal-Bavière. Lieutenant en 1756, aux volontaires d’Alsace, il participe à la guerre de sept ans, qu’il termine avec le grade de capitaine. Il est ensuite chargé de mission en Pologne en 1765 et 1766. Chevalier de Saint-Louis en 1771, il est, à son retour en France, lieutenant-colonel de cavalerie. Ses supérieurs le notent :  » Officier très intelligent et instruit : bon officier « . Ces qualités lui permettent d’obtenir le grade de maréchal de camp, le 09/03/1788 ; ce qui correspond à général de brigade ; cette promotion impliquant la remise d’un brevet de noblesse héréditaire. Commandeur de Saint-louis le 07/03/1792, il est nommé, treize jours plus tard, lieutenant-général, l’équivalent de général de division. Commandant en chef de l’armée du Centre, sous les ordres de Dumouriez, il gagne la célèbre bataille de Valmy, le 20/09/1792. En fait, une simple canonnade où autrichiens et prussiens ne s’entendirent pas, ces derniers se retirant du champ de bataille pratiquement sans combattre. Valmy eut d’énormes conséquences. Ce fut plutôt un choc psychologique, largement exploité, qu’un violent affrontement de troupes. C’est une victoire inespérée qui sauva la République. Kellermann, bien qu’il commit de lourdes fautes, en fut le vainqueur. Il en tira sa flatteuse réputation, son titre de duc de Valmy et l’honneur d’un monument érigé, à sa gloire, sur le champ de bataille.

 

La révolution & L’Empire

Kellermann fut fidèle au roi. Mais en bon patriote qu’il était, il refusa d’émigrer. Il embrassa les idées nouvelles, au point de devenir un farouche républicain. Il reçut des propositions de l’empereur d’Autriche, lui promettant les plus hautes faveurs et un grand commandement dans l’armée autrichienne. Il refusa ces offres. Malgré les preuves qu’il venait de donner de son patriotisme, et la réputation que lui apporta la victoire de Valmy, Kellermann sera inquiété par le gouvernement révolutionnaire. Ayant reçu le commandement de l’armée des Alpes et d’Italie en mai 1793, il est chargé du siège de Lyon où il réprime l’insurrection. Il s’avance ensuite en Savoie et en chasse l’ennemi, le 13 septembre. Aussitôt après, il est destitué par un décret de la Convention daté du 10. Il est néamoins maintenu à son commandement par le général conventionnel Dubois-Crancé, en mission à l’armée des Alpes. Le 12 octobre, il est mit en arrestation, rappelé à Paris et traduit devant le tribunal révolutionnaire qui le fait emprisonner à l’Abbaye, le 18/10/1793. Le motif officiel : « Absence de résultats offensifs « . En fait, Kellermann a déplu parce qu’il n’acceptait pas les contrôles des représentants en mission ; imbus de ses pouvoirs militaires, il comprenait mal les interventions des civils. Comme pour tant d’autres, le 9 thermidor le sauvera de la guillotine. Le 15/01/1795, Kellermann est réintégré dans son grade. Peu après, il est nommé commandant de l’armée des Alpes et d’Italie. Il exercera ensuite divers commandements dont celui d’inspecteur général de la cavalerie de l’intérieur et de la garde du Directoire, en 1799. Bonaparte marquera son estime à Kellermann en le nommant Sénateur sous le Consulat, puis président du Sénat. A l’avénement de l’Empire, il est fait maréchal d’Empire honoraire, le 19/05/1804. Au sacre de l’Empereur, il est désigné pour les  » Honneurs de Charlemagne  » dont il est chargé de porter la Couronne. Kellermann, qui est maintenant septuagénaire, ne recevra pas de grands commandements, bien qu’il soit toujours maintenu en activité. En 1807, Napoléon lui remet le domaine de Johanisberg, à titre de majorat, et le fait duc de valmy le 03/06/1808. Au baptême du roi de Rome, l’Empereur l’honore une nouvelle fois en le chargeant de porter la queue du manteau de l’enfant, en souvenir de cet événement, Napoléon lui remettra une tabatière de grande valeur. Gouverneur de la principauté de Hanau en 1812, il sera chargé du commandement du corps d’observation du Rhin pendant la campagne de France. A la Restauration, Kellermann se rallie à louis XVIII, qui le nomme commissaire du Roi dans la 3° division militaire et le fait pair de France, le 04/06/1814 ; gouverneur de Strasbourg et Grand Croix de l’Ordre de Saint-Louis. Au retour de l’île d’Elbe, le duc de Valmy vient se mettre à la disposition de Napoléon qui le fait pair des Cent-Jours. Là s’arrêtera la carrière de Kellermann aussi bien militaire que politique. Pendant la deuxième Restauration, il se tiendra à l’écart et ne sera pas inquiété. Le seul fait marquant de cette période de sa vie n’est pas à son honneur : Kellermann votera pour la mort au procès de Ney, son ancien frère d’arme, alsacien lorrain comme lui.

 Retraite & Fin de vie

Le duc de Valmy passa ses vieux jours dans sa propriété de Soisy-sous-Montmorency dans le Val d’Oise. Mais c’est à Paris qu’il mourut dans son hôtel de la rue Saint-Dominique. Kellermann tomba malade en 1820 et dut s’aliter. Au mois d’août, un mieux se manifesta, pour peu de temps : le 10 septembre, les médecins pressentent une issue fatale. Il reçoit l’extrême-onction ; sa lucidité s’éteint. Le 13 septembre, à neuf heures du matin, Kellermann rend le dernier soupir. Il était âgé de quatre-vingt-cinq ans. Le vendredi, 15 septembre, les funérailles sont célébrées en l’église Saint-Thomas d’Aquin. Le poêle est tenu par les maréchaux Oudinot et Suchet, le comte de Sémonville et le général comte Rapp. Il fut enterré au cimetière du Père Lachaise, son cœur fut inhumé à Valmy. Peu avant sa mort, le maréchal, écrivant ses dernières volontés, stipulait :  » Un monument extrêmement simple sera érigé aux champs de Valmy – mon cœur y sera déposé sous cette inscription : ici sont morts glorieusement les soldats qui ont sauvé la France le 20/09/1792. Un soldat qui avait l’honneur de les commander dans cette mémorable journée, le maréchal Kellermann, duc de Valmy, a voulu que son cœur fut placé au milieu d’eux « . C’est son beau-frère, Barbé-Marbois, président de la Cour des comptes, qui lut ce texte au moment de l’inhumation. Peu de temps après, une pyramide fut élevée sur les lieux de la bataille et le général Kellermann, fils du maréchal, put exaucer le vœu de son père. Le 20/09/1892, une statue du vainqueur de Valmy fut inaugurée à proximité de la pyramide.

 

Descendance

Kellermann s’était marié à Metz, le 26/12/1769, avec Marie-Amie Barbé, fille de François-Etienne Barbé, conseiller du Roi. Elle avait un frère, Barbé-Marbois, qui sera ministre du Trésor sous le Consuls et, plus tard, président de la Cour des comptes. La jeune femme avait dix-neuf ans, le marié trente-quatre. Deux enfants naquirent de cette union. Une fille, Marguerite-Cécile, et un garçon, François-Etienne qui deviendra l’un des plus célèbres généraux de cavalerie de l’Empire dont les talents militaires furent bien supérieurs à ceux de son père. Il s’illustra à Marengo, en Espagne, pendant la campagne d’Allemagne, ainsi qu’à Waterloo où il fut blessé après avoir accompli des prouesses. Comme son père, il se rallia spontanément à Napoléon au retour de l’île d’Elbe. Dans ses souvenirs, le comte Alexandre de Puymaigre écrit que la maréchale était :  » une femme de beaucoup de tact, d’esprit et d’une rare obligeance « . Cette femme, qui rendait la vie bien agréable à son époux, s’éteignit, le 10/01/1812, à soixante deux ans. Peu de temps après sa mort, Kellermann, alors âgé de soixante-dix-sept ans, décida de se remarier avec une demoiselle Victorine de chastenay-Lanty. Séduisante femme d’une quarantaine d’années auteur de célèbres Mémoires sur l’Empire et la Restauration, dans lesquels elle ironise sur le comportement amoureux du vieux maréchal. La famille de Kellermann lui fit comprendre le ridicule de la situation, l’Empereur même dut intervenir pour le dissuader.

 

Traits de caractère

Kellerman avait une haute idée de ses capacités militaires. iI était orgueilleux et assez infatué de sa personne. Napoléon dira de lui :  » Un homme qui se croit le premier général de l’Europe « . Par contre, il était dépourvu d’ambition, il ne connaissait pas la jalousie et ne s’offusquait jamais des succès des autres. Sa ligne de conduite, c’était le devoir avant tout ; franc, droit, tenace, scrupuleusement honnête, il était adoré de ses soldats qui appréciaient sa bonté et son sens de la justice. Il montrait aussi une grande générosité avec les prisonniers qu’il ne traitait pas en ennemis, mais en adversaires courageux. Cet excellent homme, toujours  » tiré à quatre épingles « , avait des manières triviales ; il aimait les grosses plaisanteries soldatesques. S’il affectionnait l’ironie envers les autres, il n’aimait pas qu’on la pratique avec lui ; il était même très susceptible sur ce point et il supportait mal la contradiction. Puymaigre, nous dit encore, dans ses souvenirs, que kellermann était d’une  » avarice devenue proverbiale qui le rendait presque ridicule « . Ce qui ne l’empêchait pas de se montrer généreux avec ses officiers quand ceux-ci se trouvaient en difficultés financières. Concluons en disant que si la réputation militaire de Kellermann a été surfaite, il n’en reste pas moins que ce fut un brave homme, honnête, droit, qui ne connut jamais les intrigues. Français avant tout, il servit son Roi, la République, son Empereur, avec une entière fidélité.

 

TITRES et FONCTIONS HONORIFIQUES

Chargé de mission en Pologne et en Tartarie (1765-1766), à 30 ans 

Sénateur, le 24/12/1799, à 64 ans ; président du Sénat. 

Maréchal d’Empire honoraire, 15 ° dans l’ordre de promotion, le 19/05/1804, à 69 ans. 

Duc de Valmy, le 03/06/1808. 

Gouverneur de la principauté de Hanau.

Pair de France, le 04/06/1814. 

Pair de France aux cent Jours, le 02/06/1815.

 

ETATS DE SERVICE

Engagé comme volontaire au régiment de Lowendahl, en 1752, à 17 ans. 

Lieutenant dans les volontaires d’Alsace, en mai 1756. 

Capitaine de dragons, le 09/04/1758. 

Colonel général des hussards, le 02/04/1780, à 45 ans .

Maréchal de camp, le 09/03/1788. 

Lieutenant général, le 20/03/1792. 

Commandant en chef de l’armée du Centre, le 20/08/1792, à 57 ans. 

Commandant en chef de l’armée des Alpes, le 11/11/1792. 

Commandant en chef des armées des Alpes et d’Italie, le 20/05/1793. 

Commandant en chef de l’armée de réserve d’Espagne, le 25/11/1808. 

Commandant en chef de l’armée de réserve du Rhin, le 17/04/1809. 

Commandant en chef de l’armée de réserve du Nord, le 26/09/1809, à 74 ans.

 

DECORATIONS. 

Chevalier de l’Ordre de Saint-Louis, le 13/07/1771. 

Commandeur de l’Ordre de Saint-Louis, le 07/03/1792. 

Grand Aigle de la Légion d’Honneur, le 02/02/1805. 

Grand Croix de l’Ordre de Saint-Louis, le 23/08/1814. 

Chevalier de l’Ordre Royal de l’Aigle d’or (Wurtemberg), le 28/02/1806. 

Grand Croix de l’Ordre de la Fidélité (grand duché de Bade), le 10/06/1806. 

Grand Croix de l’Ordre de Hesse Darmstadt, le 09/02/1815.

 

BLESSURES. Pas de blessures connues.


CAMPAGNES. 

Campagne de l’Allemagne (1758-1772). 

Campagne de Pologne (1771-1772).

Le nom du maréchal Kellermann est inscrit au côté Nord de l’Arc de Triomphe de l’Etoile.

 

 

 

Sabre Briquet