Emblème Impériale

François Joseph Lefebvre

Celui qui nous a le plus secondé dans la première journée de notre règne

Napoléon

François – Joseph, duc de Dantzig 1755-1820

 

Des quatre maréchaux honoraires, Lefebvre est le seul à avoir continué son activité militaire en participant effectivement aux guerres de l’Empire. Même parvenu au sommet de la hiérarchie, Lefebvre resta toujours un soldat :  » le sergent Lefebvre », rudoyant ses hommes, les invectivant en termes grossiers ponctués de jurons allemands, car il parlait mieux cette langue que le français ; son fort accent germanique, dont il ne put jamais se défaire, se remarquait d’autant plus qu’il possédait une voix de stentor. De haute taille, un nez fort, d’épais sourcils, sa chevelure brune, bien fournie se terminait par de longues pattes ; sa bouche était grande, les lèvres minces ; un visage rude. Tel apparaissait Lefebvre.  » Il avait quelque chose de commun et de soldatesque » précise madame de Rémusat. Sa vue étant très basse, il se faisait toujours accompagner d’un sous officier qui lui servait de guide. Ce grand gaillard était infatigable, les nuits, passées à la belle étoile, couché à même la terre, au milieu de ses soldats, sont un témoignage de sa robuste constitution.

Origine

Lefebvre naquit, le 25 octobre 1755, à Rouffach, village des Vosges situé entre Colmar et Guebwiller. Son père, François Joseph, meunier, coiffeur, certains disent aubergiste, était  » capitaine des postes de la ville  » ; ce qui correspond, de nos jours, à la fonction d’officier de police ou de garde champêtre. Il avait autrefois servi dans les hussards et prit part à la guerre de succession d’Autriche. La mère, Marie Amie Riss, était une simple paysanne qui, cependant, savait écrire l’allemand, mais pas le français. Lefebvre avait huit ans quand mourut son père, tout juste quadragénaire. Ce fut donc la mère qui éleva la petite famille composée de Martin, l’aîné ; François, le futur maréchal ; Denis et Antoine, deux jumeaux et une fille Marie Anne. Madame Lefèbvre eut une influence bénéfique sur François qui l’aimait profondément et lui témoigna toujours une grande reconnaissance.

 

Cette digne femme se remaria après son veuvage. Elle mourut en 1807 à Blois, âgée de soixante quinze ans, où elle habitait avec sa fille. Marie Anne Lefèbvre confia l’éducation de François à un oncle qui lui enseigna l’allemand, et un peu de latin ; son désir était d’en faire un ecclésiastique. François fit preuve de beaucoup d’application, il s’instruisit suffisamment pour pouvoir, plus tard, donner des leçons d’allemand à ses soldats. Mais cet enfant, d’un naturel violent, ne se sentait aucune disposition pour la prêtrise. Il débuta dans la vie comme clerc de procureur à Colmar. Il n’était pas fait, non plus, pour cette profession sédentaire ; son tempérament fougueux le désignait pour la carrière des armes. A dix huit ans, il décide de s’engager dans les gardes françaises, le 10 septembre 1773, et va s’installer à Paris. Il faudra quatre ans pour que le soldat Lefèbvre soit nommé caporal et encore cinq ans pour devenir sergent, le 28 juin 1782. C’est avec ce modeste grade qu’il aurait probablement terminé sa carrière militaire, s’il ne s’était produit le bouleversement de la Révolution.

Révolution & 18 Brumaire

Quelques jours avant sa promotion de sous- officier, Lefèbvre s’était marié. La solde était bien maigre pour subvenir aux besoins du ménage ; pour l’améliorer, il donne des leçons d’allemand, de français et de latin, dans la mesure de ses capacités, bien entendu. De son côté, sa femme faisait des ménages pour les officiers. Ces deux sources de revenus, leur permettaient de vivre plus aisément ; Lefebvre pouvait même prélever quelque argent pour aider sa mère. Nous voici en 1789, la Révolution est commencée, le peuple se déchaîne. Le 12 juillet, le sergent Lefebvre sauve, avec beaucoup de courage, plusieurs de ses officiers assaillis par la populace. Le premier septembre, il est nommé lieutenant, dans la Garde nationale, au bataillon des Filles Saint Thomas. Lors de l’invasion des Tuileries par les émeutiers, Lefebvre est blessé en protégeant la famille royale et en apportant son aide à la fuite des tantes du roi. Capitaine d’infanterie à l’armée du centre, le 1er janvier 1792, il passe ensuite à l’armée de Moselle ; c’est là qu’il va acquérir sa réputation de bravoure et gravir les échelons de la hiérarchie militaire.

 

Chef de bataillon, le 3 septembre 1793, trois mois après il est général de brigade, son brillant commandement aux combat de Lembach, puis à la bataille de Geiberg, lui vaut le grade de général de division, le 10 janvier 1794. S’il lui a fallu neuf mois pour devenir lieutenant, il n’en a mit que cinq pour devenir divisionnaire. Après avoir enlevé, par de rigoureuses attaques, le fort Vauban aux autrichiens, il prend le commandement de l’avant -garde de l’armée de la Moselle. Le 29 mai, il s’empare de Dinan, participe effectivement à la bataille de Fleurus et passe, ensuite, à l’armée de Sambre et Meuse. A la mort de Hoche, il reçoit le commandement provisoire de cette armée. Versé dans l’armée d’Angleterre, sous Kléber, il commande, un peu plus tard, celle de Mayence à la place de Joubert. Blessé d’une balle au bras gauche au combat de Pfullendorffe, le 21 mars 1799, il doit quitter le champ de bataille, n’ayant plus de force dans l’avant bras. Pour le récompenser de ses brillants services, le Directoire lui remet une armure et le nomme commandant de la 17 ème division militaire de Paris.

 

C’est là que Lefebvre va faire la connaissance de Napoléon. Bonaparte vient de rentrer d’Egypte. Il prépare le coup d’Etat du 18 Brumaire. Pour cela, il doit s’assurer Lefebvre qui commande la division de Paris. Ce dernier est quelque peu réticent, Bonaparte n’aura pas de peine à le convaincre en lui faisant comprendre que les députés étaient tous avocats qui, par leur impéritie, ont mis la République dans le lamentable état où elle se trouve ; la République est en péril ! Lefebvre, conquit par ces arguments, se déclare prêt à  » jeter ces bougres d’avocats à la rivière !  » Le moment venu, il tiendra bien en main les troupes de la garnison de Paris. Quand Bonaparte sera menacé aux Cinq Cents et traité de  » hors la loi « , il accourra avec, Murat, Leclerc et Gardanne pour le protéger en faisant intervenir les grenadiers. Bonaparte n’oubliera jamais l’aide décisive que lui apporta Lefebvre dans cette journée du 18 Brumaire. Son premier geste de remerciement sera de le nommer sénateur et de lui adjoindre, au commandement de la division de Paris, celui des 14 ème et 15 ème divisions.

L’Empire

A l’avènement de l’Empire, Lefebvre est président du Sénat ; en cette qualité, il est désigné, à la cérémonie du sacre, aux  » honneurs de Charlemagne  » et chargé de porter l’épée de l’Empereur Carolingien. Dans la grande promotion du 19 mai, il est élevé à la dignité de maréchal honoraire. Ce grand soldat qui atteint presque la cinquantaine, va connaître, sous l’Empire, une nouvelle et encore plus brillante carrière. Le 4 septembre 1806, il reçoit le commandement du 5 ème corps de la Grande Armée. Le 5 octobre, il est nommé commandant de l’infanterie de la Garde Impériale avec laquelle il va prendre part à la campagne d’Allemagne et d’Autriche. Il se bat glorieusement à Iéna à la tête de ses fantassins.

 

Le 23 janvier 1807, Napoléon lui confie le 10 ème Corps et le charge de mettre le siège devant Dantzig. Lefebvre, qui dispose de 16 000 hommes, doit s’emparer de cette ville puissamment défendue par 14 000 prussiens et 4 000 russes, commandés par le maréchal Kalckreuth, vieux prussien qui avait servi dans les armées du Grand Frédéric. Le 16 mars Lefebvre attaque les alentours de la place, il enlève le village de Stolzemberg ; le 17, il s’empare de l’île de Nehrung, isolant ainsi Dantzig de la mer. Après ces premiers succès, Lefebvre voulut donner l’assaut ; Napoléon le retint estimant plus sur de faire préparer l’attaque par le génie et pas l’artillerie. C’est après ce beau travail exécuté par ces deux armes, que Lefebvre put, en tête de ses troupes, foncer dans la brèche et donner l’assaut à la garnison de Dantzig qui capitula aussitôt. Le siège avait néanmoins duré quatre mois.

 

Sabre Briquet