Aigle impérial

André Masséna ( 6 mai 1758 à Nice – 4 avril 1817 à Paris), duc de Rivoli (1808), prince d’Essling (1810), est un militaire français, maréchal d’Empire.

Ancien Régime

Né à Nice, comté de Nice, royaume de Sardaigne, il passe son enfance à Levens dans ses maisons familiales de la Siga et du Serret. Jeune orphelin d’un commerçant, il s’engage comme mousse sur un navire marchand, puis, en 1775, à l’âge de 17 ans, dans le régiment Royal-Italien stationné à Toulon, où il reste quatorze années avec son oncle qui lui apprend notamment à lire et comprendre les cartes. Il passe ainsi par tous les grades subalternes pour atteindre celui d’adjudant, à 26 ans, en 1784. C’est le plus haut grade au sein de l’armée royale française qu’un roturier pouvait espérer. Il quitte l’armée royale française le 3 août 1789, dans les premiers jours de la Révolution française, pour aller s’installer à Antibes. Il s’y marie et se livre, pendant environ 2 ans, à des activités « étonnantes » : la contrebande (d’aucuns disent la piraterie) !

Guerres de la Révolution française

Toujours à Antibes, il revient dans l’armée et rejoint, le 1er février 1791, la Garde nationale avec le grade d’adjudant-major. Sa carrière militaire va alors s’envoler. Il participe à la première campagne du Piémont dans les armées de la République. Lorsque le général d’Anselme pénètre dans la ville de Nice le 29 septembre 1792 à la tête des troupes françaises d’occupation du comté de Nice, Masséna participe aux exactions et à la répression du mouvement barbet contre-révolutionnaire. Originaire du pays et le connaissant parfaitement, il est de ce fait particulièrement apprécié par sa hiérarchie. Il est élu lieutenant-colonel le 5 décembre 1792, au 2e bataillon des volontaires du Var. Il parvint rapidement au grade de général de brigade qui lui fut conféré le 22 août 1793, puis général de division le 20 décembre. Il est ensuite affecté à l’armée d’Italie. Il y remporte en 1794 la victoire de Saorgio en août 1794. Général de division en 1795, il commanda l’aile droite de l’armée d’Italie. On lui doit le gain de la bataille de Loano.

Campagne d’Italie

Il reçoit le commandement de l’avant-garde de l’armée d’Italie. À Rivoli, du 25 au 27 Nivôse an V (14 à 16 janvier 1797), son action est décisive. Bonaparte le surnomme « l’Enfant Chéri de la Victoire » grâce aux 170 km parcouru en deux jours, surnom que certains transforment en « Enfant Pourri de la Victoire » à cause de ses pillages systématiques, notamment des monts-de-piété. Nommé commandant des troupes d’occupation des États pontificaux par le Directoire, il réprime très durement une insurrection de soldats mécontents de ne pas être payés, mais doit quitter devant l’hostilité des officiers. Après les journées des 18 et 19 fructidor an V, Masséna fut un des candidats portés sur les listes pour remplacer Lazare Carnot et François de Barthélemy au Directoire.

Deuxième coalition

Il est général en chef de l’armée d’Italie en février 1798 et de l’armée d’Helvétie en 1799. Ses forces subissent une défaite le 16 prairial (4 juin) à Zurich mais sa victoire lors de la bataille de Zurich sur l’armée russe d’Alexandre Souvorov et Alexandre Korsakov des 3 et 4 Vendémiaire an VIII (25 et 26 septembre) est décisive. Il arrêta les flots de la deuxième coalition prête à déborder sur la France.

Seconde campagne d’Italie

Enfermé à Gênes depuis trois mois, il capitule le 15 prairial an VIII (4 juin 1800). Il commande pendant la bataille de Marengo dix jours plus tard mais est démis pour pillage.

Consulat et Empire

Devenu député du département de la Seine au Corps législatif en messidor an XI (juillet 1803), il y fit de l’opposition et vota contre le consulat à vie. Il reçut néanmoins le bâton de maréchal de l’Empire le 19 mai 1804.

 

Son parcours maçonnique va alors suivre cette ascension fulgurante. Grand aigle de la Légion d’honneur (équivalent à Grand-croix) en 1805 et appelé de nouveau au commandement en chef de l’armée d’Italie, conquérant du royaume de Naples et pacificateur des Calabres. Il est à la tête des forces qui capturent Vérone et installe Joseph sur le trône de Naples. Mais il est à nouveau suspendu pour s’être accaparé les biens des vaincus. Il obtient le titre de duc de Rivoli et de l’Empire en 1808.Commandant de l’aile droite de la grande armée en 1807, nommé pour ses éclatants services duc de Rivoli avec une dotation considérable, il fut privé d’un oil par un coup de fusil que lui tira par mégarde Berthier dans une chasse près de Paris. En 1809, pendant la bataille d’Aspern-Essling, alors qu’il est tombé de son cheval qui a mis le pied dans un terrier de lapin et qu’il commande depuis une berline, l’avant-garde, le IVe corps, est isolée, et ne se dégage qu’après un combat sanglant. Il foudroie d’un coup de pistolet à la tête un hussard qui le menace. Il reçoit le titre de prince d’Essling. Il contribua encore puissamment au gain de la bataille de Wagram, où, blessé, il parcourut les rangs traîné dans une calèche.

 

En 1810, dans la guerre d’Espagne, il mène l’invasion du Portugal avec la bataille de Buçaco, à une centaine de kilomètres au nord de Lisbonne, où il est battu. Replié sur la ligne de Torres Vedras ses troupes sont défaites encore une fois. Après que les alliés eurent reçu des renforts l’année suivante, il doit se replier après les batailles de Barrosa et de Fuentes de Oñoro où il est remplacé par Auguste de Marmont, et les Portugais et les Anglais, en particulier commandés par le futur duc de Wellington, étaient mieux organisés. Rentré en France, il fut mal accueilli par Napoléon Ier qui ne l’employa pas dans les fameuses campagnes de 1812 et de 1813 ; mais, après la bataille de Leipzig, l’Empereur lui confia la 8e division militaire (Marseille). Il fut maintenu par Louis XVIII qui le fit commandeur de Saint-Louis. Louis XVIII lui octroya aussi des lettres de naturalisation.

 

En 1815, il resta fidèle aux Bourbons aussi longtemps qu’il le put, n’accepta aucun service pendant les Cent-Jours. Napoléon ne l’en nomma pas moins, le 2 juin 1815, pair des Cent-Jours, mais Masséna ne vint pas sièger. Il maintient le calme dans la région de Marseille pendant les Cent-Jours mais refuse ensuite les exigences de serment des ultra-royalistes. Il commanda la garde nationale sous le gouvernement provisoire, refusa de faire partie du conseil de guerre appelé à juger le maréchal Ney, fut dénoncé aux Chambres comme coupable de félonie au 20 mars, se justifia de cette calomnie. Il meurt le 4 avril 1817 à Paris, âgé de 58 ans. Il a amassé une fortune immense, bien gérée par son épouse. Son fils François Victor Masséna lui succède comme duc de Rivoli.

Masséna franc-maçon

Le 13 avril 1784, Masséna est reçu apprenti dans la loge Les Élèves de Minerve, à Toulon. Sa progression au sein de la hiérarchie de cette loge est si rapide qu’il en devient maître de cérémonie dès le 5 juillet de la même année. Il est reçu chevalier rose-croix au chapitre du Saint Sépulcre de Jérusalem en Palestine le 18 septembre 1785, également à Toulon. Le 27 septembre 1787, le Grand Orient allume (c’est-à-dire crée) la loge de La Parfaite Amitié au sein même du régiment Royal-Italien, dont Masséna devient le vénérable fondateur. Il y sera premier maillet jusqu’à sa démission de l’armée en 1789.

En 1804, année pendant laquelle il est nommé maréchal, il participe à la réorganisation des obédiences françaises. Alexandre Roëttiers de Monleau, directeur de la Monnaie et grand officier du Grand Orient de France, le sollicite pour offrir à Joseph Bonaparte le titre de grand maître de cette obédience. En novembre 1804, Masséna devient grand représentant du grand maître du Suprême conseil. À ce titre, il sera l’un des négociateurs du concordat établi entre le Grand Orient de France et le Suprême conseil. Sous l’Empire, il sera membre de la Sainte Catherine, une loge parisienne très sélective et particulièrement recherchée pour sa mondanité. Il sera également vénérable d’honneur dans différents ateliers maçonniques, comme Les Frères réunis à Paris, La Parfaite Amitié à Toulon, L’Étroite Union à Thouars ou encore Les Vrais Amis réunis à Nice.

L’empereur  déclare à son propos : « c’eût été un grand homme, si ses qualités brillantes n’eussent été ternies par l’avarice »

Sabre Briquet