Aigle impérial

La campagne d’Allemagne a lieu après la campagne de Russie et précède la campagne de France. Elle se déroule au cours de l’année 1813 et constitue le véritable tournant de la guerre liée à la sixième coalition. Les pays vaincus par la France au cours de l’épopée napoléonienne se retournent contre elle les uns après les autres devant ses premiers revers. Après la Bataille de Leipzig, la retraite de l’armée de Napoléon vers la France est inéluctable, et les rêves de conquête de l’Europe se transforment en lutte acharnée pour la défense du territoire.

 

La levée de la conscription,instruite du désastre de Russie,s’avéra des plus difficiles.Les réfractaires,de plus en plus nombreux,multipliaient les ruses pour y échapper et,quand ils ne parvenaient pas à payer un remplaçant,se perdaient dans les campagnes ou contractaient des mariages avec des fiancées de tous âges.La fraude était nombreuse ainsi que de se mutiler volontairement. Se casser les dents de devant ou se les carier en mâchant de l’encens afin de ne pas pouvoir déchirer les cartouches;s’amputer du pouce pour ne pas pouvoir tenir le fusil.On parvint à rassembler trois cent cinquante mille conscrits,les Marie Louise,appelés ou rappelés de plusieurs classes,pour la plupart jeunes et inexpérimentés,il se refuse à abandonner l’Espagne où se trouvent immobilisé deux cent cinquante mille soldats aguerris et une cavalerie bien entraînée qui lui feront défaut dans les moments décisifs.

 

Après la désastreuse retraite de Russie, Napoléon laisse le commandement à Murat, qui le laisse à son tour au vice-roi d’Italie Eugène de Beauharnais, et rejoint précipitamment la France pour réunir une armée puissante. En effet, sa situation est délicate, les Russes, encouragés par les Prussiens, traversent le Niémen pour combattre Napoléon en Europe centrale, Wellington à la tête d’une armée puissante bat les maréchaux de Napoléon en Espagne et se rapproche de jour en jour du sud de la France, l’Allemagne est au bord de la révolte anti-napoléonienne, certainement encouragée par des agents prussiens et russes et enfin la Prusse se prépare à la guerre contre Napoléon.

L’Empereur va livrer cinq batailles contre les Russes et leurs alliés prussiens,la reconquête de la Saxe,indéfectible alliée de la France,la reprise de Dresde,sa capitale,et de Leipzig,carrefour stratégique et commercial,devaient,dans le plan de Napoléon,consommer le défaite de la coalition russo-prussienne.

 

La bataille de Lützen coûtera vingt mille hommes dans chaque camp.Un boulet de canons emporte le brave maréchal Bessières qui,depuis le début de la campagne d’Italie,n’avait jamais quitté l’Empereur,qui l’aimait beaucoup.

Jean-Baptiste Bessières
Jean-Baptiste Bessières

A la droite, l’empereur avec la jeune et la vieille garde,à Lutzen même, que le combat de la veille nous avait livré; au centre, Ney à Kaïa; à la gauche, le vice-roi d’Italie, Eugène de Beauharnais, sur l’Elster.C’était à Lutzen que Gustave-Adolphe avait remporté une si brillante victoire ; mais notre victoire fut plus brillante encore.L’ennemi avait une cavalerie formidable ; la nôtre était restée sous les neiges de la Russie. N’importe! dit l’empereur; c’est une bataille d’Égypte ; une bonne infanterie doit savoir se suffire. »Nous étions fiers de justifier le mot du grand capitaine. L’action s’engagea rude. Kaïa fut pris et repris plusieurs fois. La victoire fut longtemps balancée ; quelques-uns de nos bataillons plièrent; mais Napoléon parut dans le lieu où régnait la panique. Tout se rallia aux cris de Vive l’empereur! et tout courut au feu. Les bataillons ennemis plièrent à leur tour; ils n’avaient pas pour les rallier un Bonaparte, ils prirent honteusement la fuite.

 

« Et l’on ose espérer de faire pâlir l’étoile de la France ! »murmurait l’empereur sur le champ de bataille, après cette mémorable journée.

« Soldats, je suis content de vous! Vous avez rempli mon attente ! vous avez suppléé à tout par votre bonne volonté et votre bravoure! Vous avez, dans la célèbre journée du 2 mai, défait et mis en déroute l’armée russe et prussienne, commandée par l’empereur Alexandre et le
roi de Prusse. Vous avez montré tout ce dont est capable le sang français. La bataille de Lutzen sera mise au-dessus d’Austerlitz, d’Iéna, de Friedland et de la Moskova !

 

« Ce fut principalement les jeunes conscrits qui la gagnèrent.Ils se battirent comme des lions.Le maréchal Ney s’y attendait bien,du reste,car avant la bataille il disait à sa majesté « Sire,donnez-moi beaucoup de ces petits jeunes gens-là,je les mènerai où je voudrai.Les vieilles moustaches en savent autant que nous;ils réfléchissent;ils ont trop de sang-froid;mais ces enfants intrépides ne connaissent pas les difficultés:il regardent toujours devant eux,jamais à droite ni à gauche. »Effectivement,au milieu de la bataille,les Prussiens commandés par le roi en personne,attaquèrent avec tant de fureur le corps du maréchal qu’ils le firent plier; mais les conscrits ne prirent point la fuite:ils attendaient les coups,se ralliaient en pelotons,et tournaient ainsi autour des ennemis en criant de toutes leurs forces »Vive l’Empereur ».L’Empereur vint à paraitre;alors ,remis du choc qu’ils avaient essuyé,électrisés par la présence du héros,ils attaquèrent à leur tour,avec une violence incomparable.Sa majesté en fut surprise.Il y a vingt ans,disait-elle,que je commande des armés française,et je n’ai pas encore vu autant de bravoure et de dévouement. »Constant ajoute que les prussiens,en face des Français,faisaient preuve d’un égal courage.

 

Capitaine Jean-Baptiste Barrès

Nos jeunes conscrit se conduisirent très bien,pas un seul ne quitta les rangs;il y a eut au contraire qu’on avait laissé derrière ,parce qu’ils étaient malades,qui arrivèrent pour prendre leur place.Un de nos clairons,enfant de seize ans,fut de ce nombre.Il eut une cuisse emportée par un boulet,et expira derrière la compagnie.Ces pauvres enfants,quand ils étaient bléssés à pouvoir marcher encore,venaient me demander à quitter la compagnie pour aller se faire panser:c’était une abnégation de la vie,une soumission à leur supérieur ,qui affligeaient plus qu’elle n’étonait.

Soldat dit "Marie-Louise"
ENQUÊTE SUR LES BLESSÉS DE LUTZEN ET BAUTZEN.

Comme le nombre des blessés fournis par les batailles de Lutzen, Bautzen et Wurschen était fort grand, quelques personnes, soit par ignorance, soit par flatterie, insinuèrent que beaucoup de ces blessés s’étaient mutilés volontairement afin d’être réformés du service. Tous ceux qui avaient les mains traversées par des balles, ou les doigts emportés, se trouvaient sous les coups de cette accusation.Cette infâme calomnie jeta l’Empereur dans une grande inquiétude, et souleva son indignation. Il donna l’ordre de réunir les hommes estropiés et de les enfermer dans les bâtiments de la douane, à un kilomètre de Bautzen; il y en avait 2,632. Larrey ne voulut pas ajouter foi à l’accusation portée contre nos malheureux soldats. L’Empereur lui demanda s’il était possible de distinguer les plaies faites par l’ennemi de celles que l’on se ferait soi-même.La demande avait rapport aux blessés de Lutzen et de Bautzen. Le chirurgien en chef répondit, que toutes choses étant égales d’ailleurs, « nul médecin ne pouvait établir la moindre différence entre ces deux sortes de blessures. »

L’opinion de Larrey se trouvait en désaccord avec celle de plusieurs de ses collègues. L’Empereur ne put être convaincu par les assertions
du chirurgien de sa garde. Il le nomma président d’une enquête, et lui dit avec une sorte de brusquerie : « Allez, monsieur, vous me ferez vos
observations officiellement; allez remplir votre devoir. » L’enquête dura plusieurs jours et fut faite avec toute l’attention, tous les soins imagi-
nables, par cinq chirurgiens, auxquels un officier supérieur de l’état-major et un officier de gendarmerie avaient été adjoints par le grand-prévôt de l’armée.

L’examen des blessés démontra que les plaies des mains provenaient du défaut d’habitude dans le maniement des armes. Ainsi les soldats du
troisième rang, en faisant feu, appuyaient involontairement le canon de leur fusil sur les mains de leurs camarades du premier rang, et les blessaient de cette façon plus ou moins grièvement. Dans la précipitation de l’action, ils se blessaient aussi eux-mêmes involontairement, comme l’illustre chirurgien, leur défenseur, l’avait observé-bien des fois dans d’autres circonstances.

Enfin, il est à noter qu’aux batailles de Lutzen et de Wurschen, les jeunes soldats accusés chargèrent l’ennemi en escaladant les collines;
que par conséquent ils avaient toujours les mains élevées en tenant leur fusil, obligés qu’ils étaient de le diriger vers l’ennemi. Les projectiles de celui-ci devaient donc atteindre de préférence les mains des conscrits de Napoléon, qui se présentaient ainsi les premières dans le moment même du tir.Chaque blessé eut son procès-verbal, et il fut prouvé par l’enquête que toutes les blessures avaient été reçues involontairement.

 

Lorsque le travail fut fini, Larrey se rendit auprès de Napoléon, qui lui dit : « Eh bien ! monsieur, persistez-vous toujours dans votre opinion ?» — Je fais plus, sire, je viens la prouver« à Votre Majesté ; cette brave jeunesse était indignement calomniée ; je viens de passer beaucoup de temps à l’examen le plus rigoureux, et je n’ai pas trouvé un coupable. Il n’y a pas un de ces bléssés qui n’ait son verbal individuel ; de nombreuses liasses me  suivent, Votre Majesté peut en ordonner l’ex men. » —C’est bien, monsieur, dit l’Empereur,« je vais m’en occuper. »

 

Marchant alors à pas précipités, comme il le faisait souvent, lorsqu’il était agité, très-heureux d’apprendre que ses soldats étaient innocents,
très-satisfait surtout de la manière décidée dont le chirurgien en chef de sa garde lui faisait connaître la vérité, Napoléon ému s’arrête tout-
à coup, prend la main de Larrey, et dit à cet homme courageux et juste : « Adieu,’ Monsieur Larrey ; un souverain est bien heureux d’avoir
 auprès de lui un homme tel que vous ; on vous portera mes ordres. » Le baron Larrey reçut, le soir même, le portrait de l’Empereur, enrichi de diamants, et une pension de trois mille francs sur l’État, en dehors de toute récompense acquise par ses grades et ses services.

 

La victoire de Lutzen nous rouvrait Ie chemin de Dresde,occupé par les alliés. Napoléon se dirigea vers cette ville,conquérant le terrain pied à pied pendant huit jours de combat. Le 10 mai, après une lutte acharnée, il reprit la capitale de la Saxe et rétablit solennellement sur le trône
le vieux roi Frédéric-Auguste, son fidèle allié. Alors il demanda la paix, proposant un congrès européen à Prague. Il ne put rien obtenir.

 

MORT DU MARÉCHAL DUROC, DUC DE FRIOUL

 

Il obtenait du moins des victoires : Bautzen, Wurtchen, etc. A Wurtchen, l’empereur vit tomber à ses côtés le brave Bruyères. « Duroc, dit-il au duc de Frioul, la fortune nous en veut aujourd’hui. » Et il poussa son cheval en avant pour commander un mouvement sur Gorilz. Au même instant, il fut rappelé : Duroc, frappé d’un boulet, était expirant. L’empereur accourut, pressa son ami dans ses bras. Duroc avait conservé tout son sang-froid; il prit la main de Napoléon, la porta à ses lèvres.

 

« Toute ma vie, murmura-t-il, a été consacrée à votre service, et je ne la regrette que pour l’utilité dont elle pouvait vous être encore. — Duroc, dit Napoléon , il est une autre vie : c’est là que tu iras m’attendre et que nous nous retrouverons un jour. – Oui, sire; mais ce sera dans trente ans ,quand vous aurez triomphé de vos ennemis et réalisé toutes les espérances de notre patrie. J’ai vécu en honnête homme ; je ne me reproche rien. Je laisse une fille : Votre Majesté lui servira de père. » La douleur de Napoléon était telle, que le mourant lui dit « Allez-vous-en, sire; ce spectacle vous peine. » L’empereur, soutenu par le duc de Dalmatie et le grand écuyer, se retira, en disant d’une voix déchirante : « Adieu , adieu, mon ami!. »Napoléon avait perdu non-seulement un compagnon d’armes, mais le plus fidèle, le plus dévoué de ses amis.

 

Il ordonna que le corps du grand maréchal fût transporté à Paris et enseveli aux Invalides. Il acheta la maison où il était mort et la donna au pasteur de Wurtchen, sous la condition d’y placer cette inscription : « Le général Duroc, duc de Frioul, grand maréchal du palais de l’empereur, a expiré ici, frappé d’un boulet, dans les bras de son empereur, et de son ami.» 

C’est l’acharnement des forces prussiennes dans les combats qui constitut l’élément nouveau, transformant les batailles en boucheries. »Ces animaux ont appris quelque chose »,reconnaissait l’Empereur.Le 4 juin,un armistice de deux mois est signé à Pleswitz.

Géraud Christophe Michel Duroc
Géraud Christophe Michel Duroc
Récit de Dominique-Jean Larrey Chirurgien en chef de la Grande Armée

 Larrey reçut l’ordre de le rejoindre l’Empereur et arriva au moment où le maréchal Duroc,duc de Frioul, venait d’être frappé mortellement.
Vers la fin de la bataille un boulet ennemi lancé à toute volée frappa un arbre près de Napoléon, et, ricochant, traversa le corps du général du génie Kirgener et rasa ensuite le ventre de Duroc. La peau de cette région avait été emportée, et les intestins étaient perforés en plusieurs endroits. Larrey trouva le maréchal déposé dans une chaumière près de Haynau. « Je t’attends avec bien de l’impatience, mon cher Larrey, lui dit-il, tu vas me rendre le dernier service d’un ami : je sens que ma plaie est au-dessus des ressources de ton art ; mais fais cesser, je te prie, les tourments horribles auxquels je suis en proie depuis trente heures, et tu recevras mes tendres et derniers adieux. »
Duroc mourut quelques heures après; il était le compagnon d’Egypte et l’ami de Larrey. Ainsi disparaissaient, les uns après les autres, ces
hommes d’une époque héroïque.

Ce fut une erreur qui permettra à l’Autriche,convaincue et payée par l’Angleterre,de rejoindre la coalition dont,cette fois,la supériorité numérique est totale.L’Empereur,ne peut espérer une victoire désisive,mais la Russie et la Prusse,même unies,ne sont pas en mesure de vaincre la France.L’Autriche se trouve en position d’arbire.Napoléon recevra,fin juin,Metternich,les liens matrimoniaux seront-ils plus fort que la vieille solidarité des coalitions européennes?

 

L’entrevue de Napoléon et de Metternich,eu lieu le 26 juin à Dresde,dès le début des négociations,il fait connaitre ses conditions pour un retour à la paix sur le continent:restitution de la Prusse et éventuellement disparition de la Confédération du Rhin.Conditions qui ne remettaient pas en cause les frontières naturelles de la France.

 

« Qu’est-ce donc qu’on veut de moi?dit brusquement Napoléon.Que je me déshonore?Jamais!je saurai mourir mais je ne céderai pas un pouce de territoire.Vos souverains,nés sur le trône,peuvent se laisser battre vingt fois et rentrer toujours dans leurs capitales:moi,je ne le puis pas,parce que je suis un soldat parvenu.Ma domination ne me suivra pas,du jour où j’aurai cessé d’être fort et par conséquent d’être craint. »

 

Le 27 juin,Metternich conclut avec la Russie et la Prusse l’accord,resté alors secret,de Reichenbach sous la houlette anglaise:Vienne devait entrer en guerre avec la France si celle-ci n’acceptait pas les bases de paix proposées par Metternich.L’armistice étant reportée au 10 août,le 12,elle entrait en guerre contre la France.Les alliés mettaient en marche trois armées:celle de Bernadotte qui entraînait la Suède dans la coalition,celle de Silésie avec Blücher et l’armée de Bohême commandée par Schwarzenberg.Napoléon avait prévu une triple offensive:au Nord,Davout contre Berlin,au centre Ney affrontant Blücher,lui-même enfin,fonçant sur la Bohème.L’Empereur,arrêta l’armée de Bohème à la bataille de Dresde(26-28 août),mais les maréchaux habitué à une obéissance passive aux ordres de Napoléon,accumulèrent les défaites pour les Français.Vandamme fut défait à Kulm,Macdonald battu sur le Katzbach,Oudinot à Grossbeeren au sud de Berlin et Ney à Dennewitz.Replié sur Leipzig,l’Empereur livre du 16 au 19 octobre « la bataille des nations ».

Trois cent vingt mille coalisés contre cent soixante mille Français.Les premiers combats à Wachau,à la Partha et à Lindenau sont victorieux ou incertains. Le 17,Napoléon reste inactif.Le 18,troisième jour de la bataille,le corps des Saxons,placés sous le commandement de Reynier trahissent et se retournent contre les troupes Française.À la suite de cet épisode amer, l’expression « saxon » passera dans la langue française pour désigner un lâche traître. Puis c’est la cavalerie Wurtembourgeoise de trahir à leur tour. »Jusqu’à ce moment,note le major Odeleben qui se trouvait près de l’Empereur,il s’était montré dans le plus grand calme,toujours égal à lui-même;ce revers ne produisit aucun changement dans son maintien,quoiqu’on pût observer des symptômes de découragement sur son visage. »Le 19,les alliés investissaient Leipzig,la retraite des Français fut compromise par l’explosion prématuré du pont sur l’Elster.Plus de quatre-vingt canons et des centaines de voitures,les troupes de Macdonald,Lauriston et Reynier étaient encore dans la ville.Suivi par de nombreux soldats,le maréchal Macdonald traverse le fleuve à la nage.Bléssé,le prince plolonais Poniatowski,le brave des braves,héros de la campagne de Russie qui a été créé maréchal la veille par Napoléon ,se jette à son tour dans l’eau mais,surpris par une congestion,il se noie.

 

En se repliant sur Francfort,puis Mayence,Napoléon dut balayer au passage,le 30 octobre,à Hanau,les Bavarois de Wrede qui avaient à leur tour fait défection.Le typhus vint ajouter ses ravages aux pertes dues aux combats et à une épouvantable retraite sous la pluie.Un sapeur de la Garde fait ce commentaire désabusé: »Parbleu ,nous avons fait une belle besogne!Nous avons été chercher les Russes à Moscou pour les amener en France ».Toutes les garnisons françaises laissées en Allemagne vont capituler ou se retirer les unes après les autres.Le 23 décembre,les armées alliées,fortes de cinq cent mille hommes,pénétreront en France par le sud de l’Alsace.Napoléon n’a plus que soixante-dix mille soldats à leur opposer.

 

Joseph Bertha,jeune conscrit de 1813,écrit ses lignes,dont ferais mieux de s’inspirer tous ceux qui vont trahir l’Empereur: »Quand on a combattu seul contre tous les peuples d’Europe-toujours un contre deux et quelquefois trois-et que l’on a fini par succomber,non sous le courage des autres ni sous leur génie mais sous la trahisons et le nombre,on aurait tort de rougir d’une pareille défaite,et les vainqueurs auraient encore plus tort d’en être fier.Ce n’est pas le nombre qui fait la grandeur d’un peuple ni d’une armée,c’est sa vertu ».

Hélas ! la France donnait en ce jour le sang généreux de ses derniers enfants. Leurs aînés étaient morts en Italie, aux Pyramides , à Saint-Jean-
d’Acre, en Espagne, sur tous les champs de bataille de l’Europe, et le vent du pôle venait naguère d’ensevelir sous les neiges de là Russie tous ceux qui avaient résisté aux sanglants combats de la République et de l’Empire. La gloire acquise par de tels sacrifices est trop chèrement payée.