Aigle impérial

En 1807,il faut de gré ou de force amené le Portugal à fermer ses côtes aux Anglais,on sait qu’afin de la réduire à merçi,l’Empereur a imaginé
le blocus continental;mais pour que le système soit efficace,il faut que tous les ports d’Europe soient fermés aux marchandises britanniques.

 

Depuis des siècles le Portugal vit presque entièrement de son commerce avec l’Angleterre,reste pour l’Empereur à l’occuper;s’installer à
Lisbonne,chasser la dynastie des Bragance qui a transformé le Portugal en une véritable colonie Anglaise.Le 28 juillet 1807,la France lance un
ultimatum au Portugal,auquel l’Espagne (alliée de la France) s’associe,il l’invite à rompre son alliance avec l’Angleterre.L’ultimatum est
repoussé.3 août 1807,Junot est placé à la tête d’un corps expéditionnaire rassemblés autour de Bayonne.17 octobre,Junot franchit
la frontière Espagnole par Fontarabie,avec l’ordre de marcher le plus rapidement possible sur Libonne par Burgos,Valladolid,Salamanque,Ciudad-Rodrigo, Alcantara et la rive droite du Tage.

 

Il dispose de 22 0000 hommes,dont 2 000 cavaliers et 36 canons.En réalité,cette armée est composée,d’après certain témoin,d’enfants amaigris,maladifs,loqueteux;certains n’ont pas de pantalon et cachent leur nudité sous leur capote;d’autres savent à peine tenir une arme.À la tête de cette misérable armée,le général Andoche Junot,dit la Tempête,trente six ans. »Une valeur poussée jusqu’à la témérité »,a écrit le général Maillot.D’ou le surnom de la « Tempête »,attribué par ses camarades à Andoche Junot alors qu’il était grenadier,sous la révolution. Hélas,il connu une triste fin.En 1813,il souffre atrocement de douleurs faciales,suites à ses blessures.Syphilitique au dernier degré.Il devient fou,on le ramène chez son père,à Montbard.Là,il se jette par la fenêtre,se brise la cuisse.On l’ampute(on amputait facilement à l’époque),mais il arrache l’appareil et meurt quelques jours plus tard.

Le début de cette marche en Espagne se passa assez bien,puis les choses changèrent à cause de l’inconfort aux étapes et du manque d’hygiène.Il pleuvait sans cesse et les soldats n’avaient ni linge ni vétements de rechange,ils perdaient leurs chaussures dans la boue.Les chevaux,nourris d’orge et de paille,dépérissaient et crevaient;on commença à les remplacer par des mulets et des boeufs réquisitionnés.La Sierra de Gata,chaine de montagne enneigée,les voitures ne pouvaient passer,ils fallait prendre le ravitaillement à dos d’homme,les soldats affamés,cherchant de la nourriture dans les villages,pas de villages hélas,mais des bandits,les premières victimes Françaises en Péninsule Ibériqie furent ses enfants soldats.Ils fallait s’ouvrir un chemin dans le roc pour faire passer les canons,les hisser avec des cables,qui souvent cédaient,les paysans du coin recrutés comme aides,sabotaient et s’emparaient des boeufs et s’évanouissaient dans la nuit.L’armée de Junot vivait un calvaire et mourait de faim.Dans une lettre de Napoléon,il fallait prendre Lisbonne le plus tôt possible,occuper les ports du Portugal,saisir le flotte, faire hisser le pavillon Français sur tous les navires,mettre deux cents hommes d’infanterie sur chaque vaisseau;il fallait désarmer l’armée Portugaise et envoyer tous les suspects politiques à Paris,tout en restant diplomate.

 

Le général Junot fit son entrée dans Lisbonne le 30 novembre 1807,à la tête d’une armée à bout de souffle,s’emparant d’un pays à bout de souffle lui aussi. »L’état dans lequel nous entrâmes,à écrit le général Thiébault,n’est pas croyable.Nos vêtements n’avaient plus ni couleur ni forme.Mes pieds passaient à travers mes bottes ».Le reste des troupes ne vaut guère mieux.Un seul régiment portugais bien posté dans les montagnes aurait suffit à arrêter « l’armée » Française.La famille Royale avait fui le 29 novembre à bord de plusieurs vaisseaux de la flotte Portugaise;destination:le Brésil,seule colonie de la couronne.Tous ce que comptait de nobles et de gens riches résidant à Lisbonne suivirent l’exemple,sous le regard de la population observant cette fuite en avant précipité.L’armada compte huit vaisseaux,trois frégates,trois bricks, vingt batiments de commerce,s’entasse pèle-mèle dans les bateaux,soldats et noble,valet,personnes de tous âges,de tout sexe.N’oubliant rien bien sur, je parle des richesses du palais Royale,ainsi que des plus riches maison de Lisbonne.Dans la journée du 27 novembre tout est embarqué.

 

Lisbonne a été prise sans coup férir,livrant avec elle les plus importantes positions du littoral Européen.L’Espagne de 1807 était affligé d’un gouvernement déplorable.Le roi charles IV,son fils Ferdinand,héritier de la couronne,vivait sous le joug d’un triste entourage,notamment d’un indigne premier ministre,Emmanuel Godoy,prince de la paix (et amant de la Reine Marie Louise de Parme),il a la haute main sur les affaires d’un roi incapable.L’Espagne de l’époque,est un pays arriéré,dominé par les grands propriétaires,les curés et les moines qui entretiennent dans la population une bigoterie incensée,une inquisition terrible.

 

Le 20 fevrier 1808,Murat,reçut un pli confidentiel et urgent du général Clarke,ministre de la guerre.
« Monseigneur,j’ai l’honneur de prévenir Votre Altesse Impériale que Sa Majesté l’Empereur vous à nommé son lieutenant général pour commander toutes les troupes qui sont en espagne.L’intention de sa Majesté est que Votre Altesse Impériale parte cette nuit pour porter son quartier général à Bayonne.Sa Majesté Impériale désire que Votre Altesse soit rendue dans cette place le 26 au plus tard le 27 février.Sa majesté a désigné le général Belliard pour chef d’état-major de votre Altesse;je lui donne l’ordre de se rendre à cet effet à Bayonne,et,en attendant qu’il y arrive,j’ordonne à l’adjudant-commandant Bailly de Monthion de s’y rendre sur-le-champ pour en remplir provisoirement les fontions.Le général Lariboisière est nommé commandant en chef de l’artillerie;j’aurai l’honneur de faire connaitre à Votre Altesse Impériale l’officier général que sa majesté s’est réservé pour commander le génie ainsi que l’inspecteur au revues ou l’ordonnateur qui sera nommé pour remplir les fonctions d’intendant général ».


Murat allait avoir sous ses ordres environ 80 000 hommes,pour la plupart de jeunes recrues,hormis le détachement de la garde,ôté provisoirement à la Grande Armée.Napoléon préparait un coup d’état fatal,son idée était de liquider les Bourbons d’Espagne,pour assoir un membre de sa famille sur le trône,après le Portugal,l’Espagne.Charles IV paniqué à la vue des troupes françaises (des renforts ont été envoyer à Junot) écrit à Napoléon.Il rappelle que l’Espagne est l’allièe de la France: »Franchement,quelles sont les intentions de votre Majesté Impériale et Royale.

Napoléon,fait transporter en secret un fourgon attelé de huit chevaux et bien gardé,deux millions en or:le nerf de la guerre.D’importante troupe ainsi que de l’artillerie,des caissons de munitions,quatre bataillons de fusiliers,des chasseurs à cheval et des dragons,convergent en direction de Bayonne.La facilité avec laquelle il avait détrôné les Bourbons de Naples ne pouvait qu’inciter Napoléon à recommencer à Madrid.Murat va entrer en Espagne le 7 mars,trois jours plus tôt,une dépêche à été envoyer à Beauharnais(ambassadeur à Madrid);Paris l’informe qu’une armée française de 50 000 hommes entrera à Madrid le 22 ou le 23 mars.L’ambassadeur doit répandre que le projet de l’Empereur est de se rendre à Cadix pour assiéger Gibraltar et passer ensuite en Afrique.Murat quand à lui espère que l’Empereur lui donnera le trône d’Espagne,l’excitation du duc de Berg est à son comble,l’Empereur n’a t’il pas penser à lui pour commander l’armée qui pénètre en Espagne?Aranjuez,ville situer à cinquante kilomètres de Madrid,séjour d’été des rois d’Espagne,ville de fontaines et de jardins,en mars la Cour s’y trouve déja.Une rumeur se répand comme quoi Napoléon veut le trône d’Espagne pour un de ses frères.Rumeur répandue par Izquierdo,l’agent diplomatique de Godoy,venant de Paris.Bien que personne ne sachent rien sur les intentions réel de l’Empereur.La famille Royale pensent d’abord à fuir,Charles IV hésite,quitter son petit monde douillet ne l’enchante guère,Godoy redoute plus la fureur du peuple que les soldats français,fureur qu’il sent monter autour de lui,on le rend responsable de l’invasion des troupes française,de l’humiliation que subit l’Espagne.La révolte d’Aranjuez eu lieu le 17 mars 1808,l’émeute provoqua la chute de Godoy et l’abdication de Charles IV pour son fils Ferdinand.Emeute fomenter par le comte de Montijo,Godoy a éxilé sa mère en 1805,la haine de Godoy plus le désir de vengeance,il se fait appeler Tio Pedro,il regne sur une bande de prètres,de moines,et de personnages tous amateurs d’émeutes et de désordres.

Jean-Andoche Junot
Jean-Andoche Junot, 1er duc d’Abrantès
Emblème Impériale

Ferdinand,devient Ferdinand VII,le peuple est content et acclame son nouveau roi avec ferveur quand il rentre dans la capitale,les cloches de
toutes les églises sonnent,seigneurs et grandes dames applaudissent.Cela ne faisait pas le compte de Murat,qui eut préféré une place vide.Son dépit, plus grand que son embarras,lui inspire une décision qui sera utile et appréciée par son maitre.Il refuse de prendre sur lui,jusqu’à ordre supérieur,de reconnaitre le nouveau roi.Bien plus,il amène Charles IV à revenir sur son abdication et à l’annuler,comme ayant été arraché par le violence.Sollicité par la famille Royale,Napoléon se rend à Bayonne pour arbitrer le conflit,ou il s’installe le 14 avril;il y attire ou fait venir de force toute la famille,il les amène successivement à abdiquer l’un et l’autre,envoie le père à compiègne,le fils à Valancay,chez M. de Talleyrand,chacun deux content que l’autre soit découronné.En même temps joseph roi de Naples,troque son trône contre celui d’Espagne,Murat quand à lui hérite du trône de Naples.Cette odieuse machination ,chef d’oeuvre à la fois de duplicité et d’abus de la force exaspère le peuple Espagnole. »Si la guerre s’allumait,tout serait perdu »,à écrit Napoléon.Hélas la guerre s’allume.

Le 2 mai 1808 quand on voulut mettre en voiture le plus jeune fils de Charles IV pour l’envoyer à Bayonne,éclata une émeute durement réprimé par Murat.

El dos de mayo de 1808 en Madrid
El dos de mayo de 1808 en Madrid

L’insurrection racontée par le général Marbot

L’agitation populaire devint extrême et dans la journée du 1er mai,des rassemblements nombreux se formèrent dans les principales rues de Madrid et surtout à Puerta del sol,immense place située au centre de Madrid.Le 2 au matin,au moment où le prince allaient monter en voiture,quelques domestiques sortirent du palais en s’écriant que le jeune don Francisco pleure à chaude larmes et se cramponne aux meubles,déclarant qu’étant né en Espagne,il ne veut pas quitter ce pays.Il est facile de comprendre l’effet que produisirent sur l’esprit d’un peuple fier et libre des sentiments aussi généreux.En un instant la foule accourt et massacre impitoyablement tous les Français qui se trouvent isolés dans la ville!Presque toutes nos troupes étaient campeés hors de Madrid,il fallait les prévenir et cela n’était pas facile.J’avais ordre de conduire les divisions sur la place de la Puerta del Sol,centre de l’insurrection.Elles se mirent en mouvement au galop.L’émeute avait eu le temps de grossir;on nous fusillait de presque toutes les maisons,surtout de l’hôtel du duc de Hijar,dont toutes les croisées étaient garnies de plusieurs adroits tireurs;aussi perdîmes-nous là plusieurs hommes;la cavalerie continua donc de défiler rapidement,sous une grêle de balles jusqu’à la Puerta del Sol.Nous y trouvâmes le prince Murat aux prises avec une foule immense et compacte d’hommes armés,parmi lesquels on remarquait quelques milliers de soldats espagnols avec des canons tirant à mitraille sur les Français.

 

En voyant arriver les mameluks qu’ils redoutaient beaucoup,les Espagnols essayèrent néanmoins de faire résistance;mais leur résolution ne fut pas de longue durée,tant l’aspect des Turcs effrayait les plus braves!Les mamelucks,s’élançant le cimeterre à la main sur cette masse compacte,firent en un instant voler une centaine de têtes,et ouvrirent passage aux chasseur de la garde,ainsi qu’à la division de dragons,qui se mit à sabrer avec furie.Les Espagnols,refoulés de la place,espéraient échapper par les grandes et nombreuses rues qui y aboutissent de toutes les parties de la ville;mais ils furent arretés par d’autres colonnes Françaises,auquelles Murat avait indiqué ce point de réunion.Il y eut aussi dans d’autres quartiers plusieurs combats partiels,mais celui-çi fut le plus important et décida la victoire en notre faveur.Les insurgés eurent douze à quinze cents hommes tués et beaucoup de bléssée,et leur perte eût été infiniment plus considérable,si le prince Murat n’eût fait cesser le feu.

 

« Le peuple de Madrid abusé s’est laissé entraîner à la révolte et au meurtre » note le  Joachim Murat, chef des armées de Napoléon en Espagne. Il poursuit : « Du sang français a coulé. Il demande à être vengé ». Tous les Espagnols en armes faits prisonniers lors de la révolte sont fusillés. Environ 400 personnes sont exécutées.

 

El Tres de mayo
El Tres de mayo par Francisco Goya

11 mai:Napoléon informe Joseph que le trône d’Espagne est pour lui.L’Espagne n’est pas ce qu’est le royaume de Naples:c’est onze millions
d’habitants,plus de 150 millions de revenus sans compter les immenses revenus et la possession de toutes les Amériques…Je désire donc
qu’immédiatement après avoir reçu cette lettre,vous laissiez la règence à qui vous voudrez,le commandement des troupes au maréchal Jourdan,et que vous partiez pour Bayonne.

12 mai: Napoléon demande à Murat de réunir le conseil de Castille qui lui demandera Joseph pour souverain de l’Espagne.

25 mai: Il adresse lui-même une proclamation aux Espagnols

 

Espagnols,après une longue agonie,votre nation périssait.J’ai vu vos maux,je vais porter remède.Je poserai votre glorieuse couronne sur la
tête d’un autre moi-même.Espagnols,souvenez-vous de ce qu’ont été vos pères,voyer ce que vous êtes devenus.La faute n’en est pas à vous,mais à la mauvaise administration qui vous a régis.Soyez pleins d’espérance et de confiance dans les circonstances actuelles;car je veux que vos derniers neveux conservent mon souvenir et disent: »Il est le régénérateur de notre patrie ».

 

Le combat du 2 mai et l’enlevement de la famille royale avaient exaspéré la nation;toutes les populations se mirent en insurréction contre le
gouvernement du roi Joseph,qui,bien qu’arrivé et proclamé à Madrid le 23 juillet,n’avait aucune autorité sur le pays.Murat habitué au péril de la guerre et au commandement des troupes aurait mieux convenu que le timide et nonchalant Joseph,l’Espagne,nation ardente et fière allait commettre les pires exactions envers les soldats de l’Empire.La révolte fut surtout conduite par le clergé pléthorique et rétrograde,qui avait tant de priviléges anciens à perdre.En chaire,les prètres s’adressent ainsi à Napoléon: »Tu es le roi des ténèbres qu’entourent des nuées de sauterelles;c’est toi que l’Apocalypse a designé,tu t’appelles Apollyon (destruction).Elle sera dispersée comme paille cette armée Française. »Une armée se constitue,pas d’uniformes,seulement une écharpe rouge portant ces mots: »Vive Ferdinand VII!Religion et patrie. »

De 1808 à 1813,l’Espagne fut le théatre sanglant d’atrocités inouïes et d’une guerilla sans merçi.Les agents de liaison de l’armée française,
quand ils sont interceptés,finissent aux mieux au bout d’une corde.Un général capturé est coupé vif en quartier qui sont jetés dans l’huile
bouillante;les deux soldats qui l’accompagnent ont été sciés,vif eux aussi,entre deux planches.Les soldats d’une colonne française arrivant à
Manzanarès voient dans un champ au bord de la route des porcs en train de se repaître de débris humain.Deux cent soldats français ont été torturés et massacrés là:les mains n’ont plus d’ongles,les visages plus d’yeux.

 

Un supplice,qui fut l’objet de la grande préférence de ces bandits,était surtout le suivant:Dés qu’ils avaient réussi à capturer une patrouille ou une arrière-garde,ils conduisaient leurs malheureux prisonniers au camp de celui qui s’était proclamé chef,et là,après un simulacre d’intérrogatoire,ils leur assujettissaient les jambes,séparément,à de solides cordages.Pendant ce temps ,les plus lestes de leurs troupes grimpaient au sommet d’ormes immenses,bordant chacun des côtés de la route.Ils attachaient des cordes au sommet de ces ormes,se suspendaient à dix ou vingt sur les cordes,de façon à faire ployer les deux arbres et à les faire rejoindre vers le milieu de la route.A chacune des cordes,ils réunissaient celles qui liaient les jambes des malheureux,puis brusquement,ils lâchaient tout.Les arbres se redressaient en sifflant,et les prisonniers étaient horriblement fendus en deux parties,qui allaient se balancer au sommet des hautes branches qu’elles ensanglantaient.

 

Des représailles sévères s’ensuivent,des villages entier sont passés à la baïonnette,les soldats français massacrent femmes et enfants.Cordoue,
ville de la mosquée aux mille colonnes,vestige de l’occupation maure est mise à sac.Les soldats défoncent les portes,on massacre,on tue ,on viole,on se saoule,religieux et religieuses sont les premières victimes.Le sac de Cordoue dure plusieurs jours.

 

 

L’Espagne se rebelle,les français n’allait plus combatre des émeutiers ou des résistants,des corps d’armée se forment dans les provinces,animés par de vrais soldats.Le maréchal bessières affronta une de ces armée le 14 juillet,les forces espagnole forte de 28 000 hommes,sous les ordres de Don Gregorio de la Cuesta et don Joaquin Blake.L’affrontement eu lieu à Medina de Rio Seco,les espagnols se débandèrent sous les charges de cavalerie de Lassalle et Mouton,les fantassins du 4e léger finirent le travail,la fusillade était vive,les soldats français passaient les meules de paille à la baïonnette ou les fuyards c’étaient cacher,tiraient sur eux quand ils sortaient.Pas de quartier!ce sont des brigands!Napoléon fèlicita Bessières: »Cette victoire sera un titre de plus à votre réputation militaire.Jamais bataille ne fut gagnée dans des circonstances plus importantes: elle décide des affaires de l’Espagne.Au même moment le général Dupont signait la capitulation à Baylen.

La Reddition de Bailén
La Reddition de Bailén

Le général Dupont,que Savary avait imprudemment lancé sans soutien en Andalousie,au delà des montagnes de la Sierra-Morena,résolut de se retirer vers Madrid et envoya la division Vedel pour s’emparer la Sierra-Morena et rouvrir les communications.Dupond de l’Etang,attend sur les rives du Guadalquivir avec trois divisions,lui-même à Andujar,le général Vedel à Baylen,le géréral Gobert à La Carolina.L’armée ennemie,environ quarante mille hommes,est formée de quatre divisions,commandées par le général Reding,d’origine suisse,le marquis de Compigny,émigré français,l’irlandais Jones et l’Espagnol don Manuel de la Pena,le tout sous les ordres du général biscayen Castanos.

 

Les Espagnols envoyèrent une partie de leurs forces sur la rive opposée à celle qu’occupait notre armée,qui se trouva ainsi prise entre deux feux.Rien,cependant n’était encore perdu,si l’on eût combattu courageusement et avec ordre,mais Dupont avait si mal organisé ses troupes que,arrivés devant le défilé de Baylen,la queue de la colonne se trouvait à trois lieux de la tête!Alors le général Dupont,au lieu de réunir ses forces,engagea successivement tous ses régiments,à mesure qu’ils arrivaient.Il en fit de même des pièces d’artillerie.Nos jeunes et faibles soldats,exténués par quinze heures de marche et huit heures de combat,tombaient de fatigue sous les rayons brûlants du soleil d’Andalousie;la plupart ne pouvaient plus ni marcher ni porter les armes.Alors Dupont demanda une suspension d’armes;que les Espagnols acceptèrent avec d’autant plus d’empressement qu’ils craignaient un prochain changement à leur désavantage.En effet,la division Vedel,qui la veille avait reçu l’ordre de joindre le général en chef, arrivait en ce moment derrière le corps espagnol qui barrait le passage à Dupont.Le général Vedel attaqua les Espagnols avec succès,ceux-çi envoyèrent un parlementaire le prévenir qu’ils étaient convenus d’un armistice avec le général Dupont.Vedel n’en tint aucun compte et continua vigoureusement le combat.Déjà deux régiments espagnols avaient mis bas les armes,plusieurs autres fuyaient,et le général Vedel n’était plus qu’à une petite lieue des troupes de Dupont qu’il allait dégager complétement,lorsque arrive un aide de camp de ce dernier qui,après avoir traversé l’armée ennemie,apporte à Vedel l’ordre de rien entreprendre,parce-que l’on traite d’un armistice.

 

Le général Vedel,au lieu de persister dans la bonne inspiration qui l’avait porter peu d’instants avant à refuser de reconnaître l’autorité
d’un chef entouré d’ennemis,et obligé de faire passer par leurs mains les ordres qu’il donnait à ses subordonnés,Vedel,s’arrête au milieu de la
victoire et ordonne de cesser le feu.Les Espagnols n’avaient cependant que huit cartouches par homme,mais il leur arrivait des renforts,et ils
voulaient gagner du temps.Le général Dupont demanda au général Reding,suisse au service de l’espagne,la permission de passer avec son armée pour retourner à Madrid!…Reding,après y avoir consenti,déclara ne pouvoir rien faire sans l’autorisation du général Castanos,son supérieur qui se trouvait à plusieurs lieues de là;celui-ci voulut à son tour en référer à la junte supérieure,qui éléva toutes sortes de difficultés.

 

Pendant ce temps-là,les jeunes conscrits de Dupont étaient dans la plus pénible position.Dupont donnait des ordres contradictoires,ordonnant tour à tour à Vedel d’attaquer ou de ramener sa division sur Madrid.Vedel,prenant ce dernier parti,se trouvait le lendemain 21 juillet au pied de la Sierra-Morrena,hors de l’atteinte de Castanos.

 

Mais malheureusement,le général Dupont s’était décider à capituler,et,par une faiblesse vraiment inqualifiable,il avait compris dans la capitulation les troupes du général Vedel,auxquelles ils donna l’ordre de revenir à Baylen.Ces dernières mises désormais en position de regagner Madrid,s’y refusèrent avec tumulte.Leur général,au lieu de profiter de cet enthousiasme,leur fit comprendre à quelles représailles elles exposaient les huit mille hommes de Dupont,ajoutant que la capitulation n’avait rien de rigoureux,puisqu’elle stipulait leur transport en France,où leurs armes leurs seraient rendues. Les officiers et soldats déclarèrent que mieux valait alors se retirer immédiatement tout armés sur Madrid;mais à force de prêcher l’obeissance passive,le général Vedel parvint à ramener sa division à Baylen,où elle mit bas les armes.

 

Le fait d’avoir compris dans la capitulation une division déja hors d’atteinte de l’ennemi,fut de la part du général Dupont un acte des plus
blâmables;mais que penser du général Vedel,obéissant aux ordres de Dupont qui n’était plus libre,et remettant aux espagnols toute sa division
d’un effectif de près de dix mille hommes?Dupont poussa légarement jusqu’à comprendre dans son traité toutes les troupes de son corps d’armée et même celles qui n’avaient pas passer la Sierra-Morena!Le général Castanos éxigea que ces détachements feraient vinq-cinq lieues pour venir rendre les armes!

 

Entrainés par l’exemple,les commandants des corps d’armée isolés se conformèrent aux ordres du général Dupont.Un seul,il faut le citer,un seul, le brave chef de bataillon Sainte-Eglise,répondit qu’il n’avait plus d’ordre à recevoir d’un général prisonnier de guerre,et marchant rapidement, malgré l’attaque des paysans insurgés,il parvint avec peu de pertes à rejoindre les avant-postes du camp français qui couvrait Madrid.L’Empereur donna à ce courageux et intelligent officier le grade de colonel.
A l’exception de M. de Sainte-Eglise,toute l’armée du général Dupont,forte de 25 000 hommes,se trouva ainsi désarmée.Alors,les Espagnols,n’ayant plus rien à craindre,refusèrent de tenir les articles de la capitulation qui stipulaient le retour des troupes Française dans leur patrie,et non seulement ils les déclarèrent prisonniers de guerre,mais,les maltraitant indignement,laissèrent égorger plusieurs milliers de soldats par les paysans.Dupont,Vedel et quelques généraux obtinrent seuls la permission de retourner en France.Les officiers et les soldats,moururent presque tous de privation et de misère sur l’île deserte de Cabrera,vivant comme des bêtes,sans abris,leurs calvaire dura six ans.

La victoire espagnole démontre que l’armée française n’est pas invincible. Elle encouragera les pays occupés, menacés ou alliés par force à repartir en guerre contre la France.

 

 

Mémoires d'un prisonnier de guerre sur les pontons de Cadix et dans l'île de Cabrera, par J.-M. Convert

Revenons maintenant à la capitulation,Si Dupont la signa, ce fut moins pour sauver la division que pour sauver ses trésors. Il nous eût été facile de nous sauver sans lui , si nous eussions été nos maîtres. Que devait faire le général Dupont, s’il n’eût pas préféré l’argent à l’honneur? Puisqu’il se voyait perdu, que ne partageait-il ses trésors entre ses soldats.On aurait pu sauver alors en même temps nos vies et l’honneur de nos armes. Rien de plus aisé que d’opérer notre retraite à travers les massifs d’oliviers, en faisant marcher la cavalerie en avant et l’infanterie derrière, pour couvrir la retraite.Quant à l’artillerie , elle était démontée et aurait d’ailleurs été inutile. L’ennemi n’aurait pu faire usage de ses canons, attendu qu’il n’existait pas de route pour les faire passer au milieu de ces montées et descentes.Notre infanterie aurait suffi pour soutenir le combat pendant la retraite. Au surplus, l’ennemi n’eût pas mis à nous poursuivre autant d’ardeur et d’acharnement que nous en aurions mis à nous défendre. En 24 ou 30 heures, nous eussions rejoint les deux autres divisions ;de cette manière, on aurait sauvé 22,000 hommes, tout le matériel et les bagages de ces deux divisions. Le général Mina ne s’est-il pas maintenu pendant six ans dans ces montagnes, lui qui était poursuivi et harcelé par 30,000 hommes, et qui n’en avait guère plus de 4,000 sous ses ordres? Et cependant il est parvenu à tenir tête et à s’échapper.

Capitulation honteuse

Plutôt que de signer cette honteuse capitulation, Dupont aurait dû adresser à l’armée une proclamation conçue à peu près en ces termes : » Soldats!  » Je viens d’être instruit par l’ennemi que nous sommes abandonnés par les deux divisions sur lesquelles  je comptais pour nous assurer la victoire.  » « Nous ne devons plus compter que sur nous pour sortir de cette position critique, mais non désespérée. Fier de ses succès et voulant profiter de cet abandon,l’enenemi nous pose des conditions aussi dures  qu’humiliantes, et que l’honneur des armes françaises nous interdit d’accepter. Il exige que les deux divisions qui sont maintenant en retraite viennent déposer leurs armes ; sans cela, il déclare que nous serons passés au fil de l’épée. J’ai dû refuser de pareilles conditions. Soldats! croit-on abattre votre courage. Ah!s’il avait pu l’être un seul instant, l’indignation que je lis sur vos visages suffirait pour me prouver que votre unique désir est de venger un outrage aussi sanglant ? Croit-on que nous n’avons plus ni cartouches, ni baïonnettes pour nous défendre?Prouvons à l’ennemi que les soldats de Napoléon ont appris à mourir et non à se rendre. Oui, je vois que l’armée n’a qu’une seule voix pour repousser des offres dont l’acceptation nous couvrirait de honte, et que pas un  de vous n’est assez lâche pour préférer le déshonneur à la mort. Généraux, officiers et soldats , faites abandon de tout ce que vous possédez ; je donnerai moi-meme l’exemple. Que mes trésors soient partagés entre tous les soldats de l’armée. Sur 8,000 hommes dont elle se compose, il en est 7,500, peut-être,qui n’ont pas d’argent, mais le plus grand, l’unique trésor des soldats et des officiers français, c’est l’honneur; c’est lui qu’il faut sauver ». Oui, si le général Dupont eût tenu un pareil langage sur le champ de bataille de Baylen, nous aurions échappé à une capitulation honteuse et aux misères qu’elle nous a causées.

L'enfer sous le ciel d'Espagne et les pontons prison Anglais

 Les soldats des trois divisions comprises dans la capitulation de Baylen furent dispersés et disséminés en divers endroits, qui nous servirent de prison provisoirement. Nous étions à Arcos, où nous demeurâmes trois mois. Tous les dimanches nous entendions les Espagnols, au sortir de la messe , proférer des cris et des menaces de mort contre les Français. On brûlait Napoléon en effigie. Ces forcenés apprirent un jour qu’un régiment de dragons français venait d’être massacré.Encouragés par un si bel exemple , ils ne voulurent pas rester en arrière d’un acte qui, selon eux, devait être agréable à Dieu. Le mot d’ordre fut donné à tous les villages des alentours, pour que les habitants se rendissent à la messe, le dimanche suivant. La porte de l’église se trouvait en face de notre prison. Ce jour-là, nous vîmes sortir de l’église plus de monde qu’à l’ordinaire. Bientôt des cris de mort se font entendre ; on veut enfoncer la porte de notre prison. Par bonheur, les soldats commis à notre garde font résistance.L’officier et les hommes qui étaient sous ses ordres avaient une dévotion bien entendue. Une vive discussion s’engagea entre eux et ces fanatiques. Ceux-ci adressent des reproches et des injures au commandant du poste, parce que, dit-on, il s’oppose à ce qu’on se débarrasse de ces juifs. Il répond que nous ne sommes pas Juifs, mais chrétiens.—Chrétiens, tant mieux pour eux, répliquent les forcenés. S’il y a des chrétiens parmi eux, porte que leurs corps périssent, puisque leurs âmes iront au ciel ?L’officier, se voyant serré de trop près, commande à ses soldats de charger et d’apprêter leurs armes , puis il somme de nouveau les assaillants de se retirer, ajoutant :  » Puisque vous dites que le corps n’est rien et que l’âme est tout, je vais sur l’heure envoyer vos âmes dans le ciel. « Ils s’éloignent alors et vont assouvir leur rage sur les malheureux qui se trouvaient à l’hôpital , lequel était à quelque distance de la ville. Je dis et je répète que la religion peut enfanter toutes les vertus, lorsqu’elle est bien comprise, et qu’elle peut aussi enfanter tous les crimes, si elle est dirigée par la superstition ou le fanatisme. 

Ponton prison
Le HMS Discovery, converti en ponton prison

La situation était affreuse. On enterrait les morts sur les bords de la rivière qui coulait au bas de notre prison. La veille de notre départ, six de nos compagnons d’infortune y furent inhumés.Mais comme on ne jetait qu’un demi pied de terre sur ces cadavres, des troupeaux de cochons qui rôdaient à l’entour vinrent s’engraisser de chair humaine ; en moins d’une heure, les restes de nos camarades furent dévorés par ces animaux. Nous ne pouvions pas obtenir d’être enterrés en terre sainte, n’ayant pas d’argent. Toutefois, ce n’était là que le prélude de nos infortunes et de nos souffrances. D’Arcos, direction  Port Royal puis on nous embarqua pour aller sur les pontons, et nous comptions qu’en y arrivant nous recevrions des vivres ; nous ne reçûmes pourtant encore ni pain, ni eau.  Le pain n’arriva que le lendemain , et ce fut seulement à quatre heures de l’après-midi qu’on nous donna un pain de munition et demi-litre d’eau. Depuis trois jours, nous n’avions pris aucune nourriture. Notre faiblesse et notre épuisement étaient extrêmes. Mais nous souffrions bien plus du tourment de la soif que de celui de la faim. Nous trempâmes notre pain dans l’eau, ce qui nous fit beaucoup de bien.A peine commençions-nous à nous remettre de cette faiblesse causée par la privation de nourriture , que la même disette se renouvela. Tantôt le pain manquait, tantôt c’était l’eau; souvent tous les deux ensemble. Il arriva même une fois que les tonneaux demeurèrent quatre jours hissés au haut des mâts, en signal de détresse et de disette d’eau. Et lorsqu’enfin nous reçûmes cette eau si ardemment désirée, les uns la buvaient à cuillerée, les autres émiettaient leur pain dedans , craignant d’en boire une trop grande quantité à la fois. Plusieurs jours se passaient souvent sans qu’on nous donnât la ration de pain qui nous était due. Quant à la soupe, nous avions une gamelle de bord pour quinze hommes, de sorte que lorsque chacun des quinze en avait pris une cuillerée, la gamelle se trouvait vide.Je ne mentionne ici que quelques-uns des détails de nos souffrances. Dans ces moments pénibles, le souvenir de la patrie et celui de la famille venaient s’offrir sans cesse à mon imagination. 

Comme si ce n’était pas assez de la disette, nous étions atteints par la gale et par le scorbut, et dévorés à tel point par la vermine, que nous avions beau racler nos pantalons avec une lame de couteau et les brosser, le lendemain nous trouvions autant de poux que la veille. Et comment aurait-il pu en être autrement? A notre arrivée, on nous entassa 2,800 hommes sur l’Argonaute, vaisseau de 74 canons, avec un espace de moins d’un pied pour nous coucher, de sorte que nous étions couchés les uns sur les autres , et c’est ainsi que la gale se communiqua et fit en peu de temps d’effrayants progrès.A peine un mois se fut-il écoulé qu’il s’opéra un vide affreux dans nos rangs, et nous eûmes alors bien de l’espace de reste. Chaque jour la mortalité devenait plus grande ; et l’on ne s’en étonnera pas, si l’on songe que nous n’avions jamais du pain et de l’eau tout à la fois ; l’une de ces deux choses manquait toujours, et nous supportions constamment la privation de l’une de ces deux nécessités de la vie. Dans l’espace d’un mois, 3,000 de nos compagnons d’infortune furent jetés dans ce vaste océan, qui devint pour eux le champ de sépulture. Les cadavres flottaient sur les eaux depuis les remparts de Cadix, Ste-Marie, le Trocadero jusqu’à l’ile de Léon et au Port-Royal.

Une autre circonstance rendait notre position plus malheureuse. Il y avait à bord des pontons trois cents sous-officiers, qui s’étaient emparés d’une partie du vaisseau et s’y étaient réunis tous ensemble. Chacun d’eux allait à son tour chercher à la cuisine une gamelle de soupe, que le cuisinier n’osait refuser, tandis que nous n’avions, nous, qu’une gamelle pour quinze.Lorsqu’on nous amenait dix barils d’eau, ils en prenaient cinq pour eux qui n’étaient que trois cents, et il nous en restait cinq pour deux mille cinq cents que nous étions. Les sous-officiers , eux , n’ont enduré aucune de nos privations; jamais ils n’ont manqué d’eau ni de pain. Et lorsque nous essayions de leur adresser de justes réclamations, par rapport à la soupe et au pain, de leur faire entendre que l’infortune devait resserrer les liens de la fraternité, ils n’en tenaient aucun compte. Ce ne sont pas tant les maladies, que la disette et les privations , qui ont causé la mort de la plus grande partie d’entre nous ; et cela est d’autant plus vrai, que les sous-officiers n’ont perdu qu’un homme sur trois cents, pendant les trois mois que nous avons passés sur l’ Argonaute, tandis que les soldats et caporaux ont vu périr 2,183 hommes sur 2,500. Nous étions tous en bonne santé à notre arrivée sur ces funestes pontons ; en l’espace de trois mois , la mort a moissonné plus de la moitié du corps d’armée du général Dupont, et la plupart de ceux qui ont succombé étaient des hommes à la fleur de l’âge, des jeunes gens de 20 à 21 ans. La croix brillait au sommet des édifices des villes qui nous entouraient ; au milieu de la civilisation , nous aurions pu nous croire parmi les Barbares. De tous les ordres religieux qui abondent dans l’Espagne, aucun ne se montra compatissant à notre égard ; pas un prêtre, pas un moine ne vint pendant les trois mois de notre séjour sur les pontons, nous apporter une parole d’espérance et de consolation.

L'ile de Cabréra prison à ciel ouvert

Nouveau transfert, cette fois ci sur l’ile de Cabréra.En arrivant au milieu de ces rochers sauvages et arides, nous ne trouvâmes pas une maison, pas une cabane, si ce n’est un vieux fort délabré, à l’entrée de la rade et bâti sur le pic d’un rocher. Nous n’avions pour abri que la voûte du ciel.  Comme on avait débarqué les marmites de bord, notre premier soin fut d’échauder nos vêtements , pour détruire la vermine qui nous dévorait; et ce fut un grand soulagement pour nous que d’en être enfin délivrés. Nous pensions n’être là que pour faire quarantaine, et nous espérions sortir bientôt de cette île déserte. Nous n’avions pas de capotes, et la rosée, qui tombait pendant la nuit avec abondance, nous glaçait le corps. Nous fîmes des provisions et on dressa quelques tentes pour les malades, afin d’attendre plus patiemment la fin de la quarantaine. Mais il tomba tant de pluie pendant trois jours de suite que l’eau, descendant par torrent du haut des rochers, se frayait un passage sous les corps de nos malades couchés à terre et creusait la terre jusqu’à une profondeur de six pouces au-dessous d’eux. Au bout de quatre jours, on sortit ces malades de leurs tentes à moitié enterrées dans la boue , et on enleva ces tentes qui ne pouvaient plus être utiles. Nous demeurâmes plusieurs jours dans nos vêtements tout mouillés. 

Lîle de Cabrera
Lîle de Cabrera
Organisation et commerce

Les quarante jours s’étaient écoulés, et nos espérances de quitter l’ile ne se réalisant pas, nous nous mîmes à construire de petites maisons, ou plutôt des cabanes, dans chacune desquelles plusieurs individus pouvaient se loger. Elles étaient couvertes de broussailles, et on les enduisait d’une couche de terre, afin de les rendre impénétrables à la pluie; nous fûmes ainsi un peu à l’abri des intempéries du climat. Notre ration consistait, pour quatre jours , en deux pains de munition , huit onces de fèves, appelées gourganes, et deux onces d’huile. Quant aux fèves , il en manquait souvent le quart, dont on nous frustrait. Quelquefois aussi nous recevions à peu près quatre onces de merluche; mais alors on diminuait la quantité de fèves. Pendant les premiers mois de notre séjour à Cabréra , les Majorquins nous envoyaient de la salade, des choux, et du vin qu’ils nous vendaient quatre sous leur mesure, équivalant à un litre environ. Mais cette commisération qu’ils nous témoignaient et qui se traduisait par ces envois, ne tarda pas à s’affaiblir de jour en jour. Le gouverneur de Palma ayant été changé, on cessa bientôt de nous envoyer du vin ; ou du moins, ce ne fut plus que par hasard, sans que l’autorité en eût connaissance, et on le vendait 2 fr. 50 c. le litre, ce qui eut bientôt épuisé le peu d’argent qui nous restait. Plus tard, voyant qu’ils n’en vendaient plus, ils abaissèrent le prix jusqu’à 50 c. ; mais cette diminution fut inutile ; nos bourses étaient épuisées aussi bien que nos corps. La barque qui nous amenait le pain n’arrivait plus aussi régulièrement ; on nous faisait attendre notre ration pendant un ou deux jours. 

Hécatombe et scènes de cannibalismes

La première année , nous perdîmes 2,200 hommes , et cette grande mortalité provenait beaucoup moins du manque de vivres que du grand nombre de scorbutiques, qui, sortis des pontons de Cadix, sont venus mourir à Cabréra, faute de pouvoir guérir cette maladie. En effet, nous avons bien plus souffert des privations les années suivantes, et cependant on a perdu moins de monde; car les vivres de ces 2,200 morts, que l’on avait nommés les hommes de bois, nous arrivaient toujours, parce que les Espagnols ignoraient le nombre de nos morts. 

 Après une disette prolongé ,quelques-uns allèrent, pendant la nuit, déterrer des cadavres pour assouvir leur faim !Mais voici un fait qui passe toute croyance ; et cependant, il est du nombre de ceux qu’on n’oserait inventer. Un Polonais habitait dans la montagne avec un cuirassier ; le Polonais tue son camarade pour le manger.Un soldat du train, en allant à la provision de bois , trouve dans le feuillage le cadavre du cuirassier, ouvert et fendu comme le corps d’un mouton à la boucherie. Ce soldat se sent frissonner à cette vue. Le Polonais l’aperçoit, et lui crie de s’en aller en le menaçant de lui faire subir le même sort, s’il ne se retire immédiatement. « Tu ne serais pas si méchant, réplique l’autre ;d’ailleurs, nous serions deux.» Cependant , le soldat s’éloigne et va faire son rapport au commandant espagnol , qui donna ordre d’aller arrêter le meurtrier. Deux maîtres d’armes, qui remplissaient les fonctions de gendarmes, se rendent sur les lieux et procèdent à son arrestation. Ils le trouvent occupé à faire cuire dans un pot le cœur du malheureux cuirassier. Le misérable polonais, conduit devant le gouverneur, crut obtenir sa grâce, en disant qu’il n’avait tué qu’un français. Huit jours après, l’ordre arriva de Palma de le faire passer par les armes. Cette nouvelle ne lui causa aucune sensation; il paraissait même plus gai qu’auparavant. On le fusilla sur une colline où était cantonné le 6 e régiment d’infanterie légère. Le misérable dit qu’il mourait content.

Vive le Roi Louis XVIII

Un jour, enfin, on voit arriver dans la rade des bâtiments sous pavillon blanc ; tout le monde est étonné, on se demande à quelle nation ils appartiennent. Ces bâtiments s’approchent, et nous crient : « Français ! nous venons vous chercher. » Aussitôt, les cris de : Vive l’Empereur ! se font entendre. Un capitaine de frégate débarque, il nous apprend que Napoléon a cessé de régner, et que le souverain de la France est Louis XVIII ; qu’en conséquence, il faut crier : Vive le Roi! Les circonstances imposent la loi ; on proféra donc le cri mis à l’ordre du jour ; mais chacun, au fond du cœur, disait encore: Vive Napoléon! Car la liberté de penser est le seul bien que l’on ne puisse jamais nous ravir.

Emblème Impériale
Les Aigles humiliées

Lorsque l’Empereur appris le désastre de Baylen,sa colère fut terrible,conséquense d’avoir composé ses armée d’Espagne de jeunes et inhabiles conscrit,au lieu d’y envoyer de vieilles moustaches expérimentés.Les aigles étaient humiliées.Il est facile de concevoir l’effet que la capitulation de Baylen produisit sur l’esprit d’un peuple orgueilleux et aussi éxalté que le peuple Espagnol!L’insurrection prit un immense développement.La capitulation de Baylen allait permettre à l’armée espagnole d’Andalousie de marcher sur Madrid,ce qui contraignit le roi Joseph à s’éloigner le 31 juillet de sa capitale, dans laquelle il n’avait passer que huit jours.Il se retira avec un corps d’armée derrière Miranda del Ebro,ou le fleuve offre une bonne ligne de défense.


Les troupes abandonnèrent le siège de Saragosse,ainsi que celui de plusieurs places fortes de la Catalogne,et le rendez-vous général fut sur l’Èbre.Nouveau malheur,le Portugal venait d’être enlever par les Anglais,sous les ordres du général Arthur Wellesley,futur lord de Wellington.Junot capitulait à Vimeira.La capitulation portait que l’armée française évacuerait le Portugal et serait transportée en France par mer,sans être prisonnière de guerre ni déposer les armes.Les Anglais exécutèrent fidélement ces traités.

 

La déferlante Impériale allait secouer l’Espagne,Napoléon dirigeait vers la Péninsule des forces immenses,il fit venir d’Allemagne trois corps
d’armée d’infanterie et plusieurs de cavalerie,tous composés de vieilles bandes qui avaient combattu à Iéna,Eylau,Friedland,et il y joignit une grande partie de sa garde;il se prépara à se rendre lui-même en Espagne à la tête de ces troupes,dont l’éffectif s’élevait à 100 000 hommes,200 000 en comptant les divisions rester sur l’Ebre et dans la Catalogne.

 

A la frontière,les soldats ont croisé les évacués d’espagne,amputés,malades.-La guerre qu’ont fait içi n’est pas comme les autres,nous en avons
vu d’autres repondent les grognards.Mais a Mondragon,un officier français cloué à une porte et »on voit entre ses dents la preuve de la mutilation qu’il a subie ».Plus loin,une cantinière et un enfant égorgés.A Zamora,dans la boutique d’un boucher,un caporal de la Garde est pendu à un croc de boucher; le boucher l’à fendu de haut en bas comme on fend un cochon et il l’a vidé.Tous regrettent l’Allemagne et même la Pologne.

 

Les Espagnols furent saisis d’étonnement et de crainte à l’aspect des vieux grenadiers de la véritable Grande Armée,et comprirent que les choses allaient changer de face.10 novembre,Napoléon lit dans les rapports officiels:le Maréchal Lannes a battu la gauche espagnole,Victor et Lefèbvre »ont taillé en pièces »l’armée de droite;Mouton,appuyé par la cavalerie de Bessières,suivi par Soult,est en train de balayer le centre ennemi au nord de Burgos. Napoléon arrive à Burgos,la ville est à sac,un énorme incendie dévore tout un quartier,partout dans les rues des soldats ivre,titubant,braillant, la ville a été pillée.Les portails des églises sont défoncés,à l’intérieur des statues brisées jonchent le sol,des tableaux,des confessionnaux.Les soldats bivouaquent sur la place,ils ont allumé de grands feux qu’ils alimentent en y jetant des instruments de musique,des missels,des meubles précieux.Les officiers fument assis dans des fauteuils dorés,tandis que de grandes marmites pleine de viandes cuisent sur le feu.L’Empereur restera à Burgos jusqu’au 21 novembre,là,il apprend que Victor avec dix mille hommes a mis en déroute l’armée de Espinosa.Soult,quand à lui marche vers Santander.

 

Le 23 novembre 1808,sous les ordres du Maréchal Lannes,eu lieux la bataille de Tudela.19 000 Espagnols tentèrent de retenir 30 000 Français,les fiers vainqueurs de Baylen furent enfoncés,battus,mis en pleine déroute,et s’enfuirent précipitamment vers Saragosse,en laissant
des milliers de cadavres sur le champ de bataille.La victoire fut complète,plusieurs drapeaux et toute l’artllerie fut prise.Les Français vainqueur ont pillé pendant deux jours la ville de Tudela.C’est à Aranda que Napoléon l’apprendra.

Bataille de Tudela
Bataille de Tudela

Napoléon marche avec la division Ruffin.Pour aller d’Aranda à Madrid,c’est la sierra de Guadarrama qu’il s’agit de franchir.Le seul passage dans cette chaines de montagnes abruptes:le col de la Somosierra,à 1438 m d’altitude.Un défilé long de deux et demi kilomètres,large de trente mètres, à certains endroits,serpentant,sinueux,enserré de rocher et d’éboulis.29 novembre.Napoléon bivouaque dans le village de Bocaguillas,au pied de la sierra.30 novembre,la division Ruffin se porte en avant,marchant sur trois colonnes,une au centre,les deux autres sur les côtés escaladant les rochers pour éliminer toute résisitance.La progression sur les rochers est extrêmement penible et lente,de plus,les fantassins se feront massacrés dés qu’ils seront à porter de canons.L’armée Espagnole est commandée par le général Benito San Juan,qui a fait le serment de ne pas laisser passer l’adversaire, jurant qu’aucun Français n’arriverait même au col.San juan a disposé sur deux kilomètres et demi plusieurs batteries d’artillerie de quatre canons et plusieurs centaines d’Espagnols,afin de prendre en enfilade les coudes de la route encaissée.Au col lui-même,une batterie de seize pièces;des milliers d’Espagnols sont postés sur la crête.Piré,colonel des chasseurs de la Garde va reconnaitre le défilé,il conclu que le passage est impossible.Napoléon lui répond : -Monsieur,je ne connais pas ce mot-là!

 

Napoléon qui voulait arriver ce jour-là à Buitrago,ordonne aux lancier polonais de forcer le passage du défilé.Les chevaux-légers Polonais,tenue bleue de roi à plastron et pantalon écarlates,haut schapska de leur pays,ils ont soigné leur tenue dans les pires conditions;ils ont fière allure.Ils sont deux cent cinquante,ils n’ont jamais vue le feu.

 

Les Polonais n’ont qu’une qualité,mais ils la possèdent au plus haut degré;ils sont généralement très braves.Leurs chefs,n’ayant aucune connaissance de la guerre qu’ils n’avaient jamais faite,ignoraient que pour passer un défilé il est nécessaire de laisser un espace vide égal à la profondeur de chacun d’eux, afin que si les premiers sont repoussés,ils trouvent en arrière un terrain libre pour se reformer et ne se jettent pas sur les escadrons qui suivent. Les chefs Polonais lancèrent dons à l’étourdie le régiment dans le défilé sans prendre les dispositions convenables.Mais,accueillis sur les deux flancs par une grêle de balles et de mitrailles et trouvant la route barrée au sommet,ils éprouvèrent des pertes d’autant plus sensibles,que le premier escadron se jetta en désordre sur le deuxième,celui çi sur le troisième,et ainsi de suite;de sorte que le régiment,ne formant plus qu’une masse informe sur une route encaissée,ne pouvait faire demi-tour et se trouvait fusillé presque à bout portant par les Espagnols placés sur les rochers voisins!
Il était fort difficile de débrouiller cette cohue.Enfin on y parvint,et les Polonais allèrent se reformer dans la plaine sous les yeux de l’Empereur,
qui loua leur courage,en blâmant le peu de méthode qu’ils avaient mis dans l’attaque.Les chefs en convinrent,en exprimant le regret de n’avoir pas été conduit par un chef expérimenté.Alors le major général Berthier voulant du bien au général Montbrun en ce moment peu en faveur,mais qu’il connaissait pour un exellent et très brave officier de cavalerie,informa Napoléon de la présence de ce général.

 

 

Louis Pierre de Montbrun
Louis Pierre de Montbrun

L’Empereur le fit appeler et lui donna le commandement des lanciers,en lui ordonnant de recommencer l’attaque.Montbrun était un homme superbe,dans le genre de Murat;haute taille,figure balafrée,barbe noire,attitude des plus militaires et excelent écuyer.Il plut aux Polonais,et ceux-çi ayant promis de se conformer à ses instructions,Montbrun après avoir espacé leurs escadrons et pris toutes les dispositions nécessaires,se met fièrement à leur tête.Il s’élance dans le défilé…Quelques escadrons sont d’abord ébranlés par la fusillade;mais les diverses parties de la colonne ayant assez d’espace entre elles pour qu’ils n’en résultât aucun désordre grave,on se remet et l’on parvient enfin au sommet de la montagne.

 

Le général Montbrun met pied à terre et court le premier aux retranchements pour arracher les palissades sous une grêle de balles.Les Polonais suivent sont exemple;les retranchements sont enlevés;on remonte à cheval,et le régiment fond sur les Espagnols,dont il fait un massacre d’autant plus grand que le terrain s’élargissant et allant en descendant jusqu’à Buitrago,permettait aux lanciers de joindre les fantassins ennemis qui fuyait dans le plus grand désordre. Sauve qui peu !Benito San Juan se jette au milieu du torrent des   fuyards ,injurie ,frappe du plat de son épée ,mais la panique est complête et rien de l’arrête,et ce sont les fusils de ses propres soldats qui abattent San Juan.Autour de son cadavre,les sabres des chevau-légers font voler les têtes d »Espagnols.Le défilé enlevé,l’Empereur le franchit,et arrivé au sommet,non seulement il voit le drapeau Français flottant sur Buitrago,mais aperçoit à une lieue au delà de cette ville la cavalerie de Montbrun poursuivant les Espagnols en déroute.Le soir même Napoléon couche à Buitrago.Le lendemain,il ordonne de rassembler les chevau-legers survivants,quarante dont un bon tiers de bléssés,bandeau rouge autour de la tête, bras en écharpe,quelques uns à pied appuyés sur l’épaule d’un chasseur de la Garde.Napoléon s’avanca à cheval auta son chapeau: -Vous êtes tous digne de ma Garde,je vous reconnais pour ma plus brave cavalerie.Les Polonais pleuraient de joie.Le général Montbrun fut nommé général de division.La route de Madrid était ouverte.

La prise de Madrid n’a pas été une opération militaire importante.La ville était défendue par 6000 fantassins et cent canons,plus un grand nombre de paysans armés,deux hommes avait été désigné pour commander la résistance;le général de Morla et le marquis de Castallar.2 décembre 1808.C’est l’anniversaire du couronnement de l’Empereur,celui d’Austerlitz.Napoléon arrive sur les hauteur de Madrid vers midi,il contemple la ville qui bientôt sera prise.Trois divisions de dragons acclament l’Empereur.
Il y eu trois sommations,suivit de deux attaques.La première attaque fut lancée à sept heures du soir,au clair de lune.Les troupes françaises
prirent le palais de Retiro,la grande caserne et plusieurs autres positions espagnols.La seconde attaque fut diriger par l’Empereur lui-même,les Français prirent d’autres positions.La troisième sommation fut envoyer; »Une attaque générale va être livrée.Mais j’aimerais mieux devoir la rédition de Madrid à la raison et à l’humanité plutôt qu’à la force. »A cinq heures de l’après-midi,trois parlementaires,dont le général Morla,se présentèrent à la tente de l’Empereur.La réddition est en passe d’être signer,mais les paysans et le peuple s’y opposent.Pour convaincre le peuple,les parlementaires demande la journée de demain.Napoléon donnera jusqu’à six heures du matin; »Revenez alors si vous n’avez à me parler du peuple que pour m’apprendre qu’il s’est soumis.Sinon,vous et vos troupes,vous serez tous passés par les armes. »Le 4 décembre,à l’heure dite,les généraux Morla et don Fernando de la Vera se présentèrent à la tente de Berthier pour annoncer la rédition de Madrid.Les troupes Françaises déscendirent le rue d’Alcala,superbe,pas une armée de conscrits,les grognards en grande tenue,vingt mille hommes en tenue chamarré défilérent devant les Madrilènes admiratifs.

 

Napoléon prit des mesures drastiques par quatre décrets;abolition de tous les droits féodaux en Espagne,suppression du tribunal de l’Inquisition et mise sous séquestre des biens de cette institution;réduction au tiers du nombre des couvents,suspension des professions religieuses et noviciats, bien des couvents confisqués au bénéfice du domaine de l’Espagne;suppression des barrières douanières de province à province.Napoléon donnait à l’Espagne une constitution libérale et bienfaisante,ainsi que son frère Joseph comme roi.La ville ne fut pas pillé,l’Empereur avait donné des ordres pour interdire tout pillage.Deux voltigeurs furent passés par les armes pour violation de domicile.

Bonaparte Empire Colonel Dabrowski
Général Jan Henryk Dabrowski colonel des chevau-légers polonais de la Garde
Emblème Impériale

21 décembre,l’Empereur apprend que l’armée Anglaise,commander par le géréral Moore,vient de franchir la frontière portugaise et marchent
sur Salamanque.Les objectifs de Moore est de prendre Burgos et de couper les Français des Pyrénées.Napoléon consulte la carte,son plan consiste à prendre en étaux l’armée de Moore,lui,avec une armée de 32 000 hommes ira vers le nord,Soult,avec 30 000 hommes descendra vers Santanders.Moore acceptera la bataille ou prendra la fuite,soit vers le portugal,soit pour embarquer dans un port Espagnol.Mais cela implique de franchir à nouveau la Sierra de Guadarrama,plus au sud-ouest,les pentes sont plus douces et l’altitude est moindre.Le 21 décembre,la Garde et le corps de Ney partirent en avant-garde pour franchir la montagne,mais une tempête de neige fait rage,il fait très froid,un vent violent souffle.Au pied de la Sierra,les troupes n’arrivent pas à franchir la montagne.Les pentes sont verglacées,les chevaux dérapent,se brisent les membres et s’abattent;la neige forme des congères où les hommes s’enfoncent jusqu’au ventre.L’artillerie,n’a pu atteindre la moitié de la montée:elle a fait demi-tour et,redescendant en catastrophe,elle a semé la panique chez les fantassins qui suivaient.Mais Napoléon ne renonce pas.Prenant le tête de l’escadron de service des chasseurs de la Garde,il se dirige vers le bas de la montée.

Il parla aux soldats et ordonna que ceux d’un même pelotons se tiendraient par le bras afin de ne pas être emportés par le vent.La cavalerie,mettant pied à terre,dut marcher dans le même ordre,et pour donner l’exemple,l’Empereur forma l’état-major en plusieurs pelotons,se plaça entre Lannes et Duroc, auprès desquels les hommes se rangèrent en entrelaçant les bras;puis,au commandement fait par Napoléon lui-même,la colonne se porta en avant,gravit la montagne,malgré le vent impétueux qui refoulait les soldats,la neige qui fouettait les visages et le verglas qui faisait trébucher hommes et chevaux. Arrivés à mi-côte,les maréchaux et les généraux qui portaient de grandes bottes à l’écuyère ne purent plus avancer.Napoléon se fit alors hisser sur un canon où il se mit à califourchon;les maréchaux et généraux firent de même.Arriver au sommet de la montagne,la descente fut moins pénible,au bas de la descente,les hommes furent répartis dans les villages voisin pour bivouaquer,mais dans l’Espagne de l’époque la misère est partout,à défaut de village,il n’y a guère que des cahutes de boue.

Les jours suivants l’armée continua sa marche,le 24 décembre,Napoléon apprend que Soult est entré en combat contre des détachements de l’armée Anglaise.Ordre à Soult de reculer d’une journée vers l’est afin d’attirer Moore dans cette direction,Napoléon attaquera les Anglais sur ses derrières ou sur le flan.Un méssager est envoyer pour prévenir Soult,malheureusement le méssager est capturer,assassiné,et le méssage transmis aux Anglais.Moore,dès cet instant,fonce vers le nord pour se rembarquer à la Corogne,Napoléon fonce sur Moore pour le rattraper avant qu’il ne rembarque.

 

Dès lors une course poursuite s’engage,les hommes fortement éprouvés marchent à l’Anglais tandis que la pluie cède la place à la neige.Une pluie glaciale,rendant les routes praticable en bourbier inextricable ou hommes et bêtes s’enlisent,chaque régiment trouve sur son passage les épaves de celui qui l’a précédé.Il y aura même des cas de suicide tellement les hommes sont à bout de force,déserter dans ce pays misère de revient à tomber entre les mains des paysans Espagnols,la torture avant la mort.De toute les manières quitte à mourir autant la mort « douce »,il appuie le canon de son fusil sur son front,presse la détente avec son pied,le coup part c’est fini.L’armée ressemble à un long cortège funestre,les unités sont mélangés,la Garde disloqués.Percy qui suit avec ses ambulances: »Nul besoin de demander le chemin,les débris des équipages et les bêtes crever l’indique. »Il écrit »Nul peuple guerrier ou vagabond ne nous a jamais égalés pour la destruction et le brigandage. »Les soldats du rang térrifient les habitants.

Ney en tête avec son avant garde poursuive les Anglais,rien à Aquilar del Campo.Napoléon arrive à Valdéras avant Ney,interroge les habitants, »Les Anglais sont partis voilà seulement deux heures vers Benavente ». »Continuons,dit l’Empereur ». »Sire,l’armée est dans le pire des états.Donnez-lui un peu de repos ».Vingt-quatre heures de repos pour reconstituer les unités.30 décembre,on repart.L’Empereur envoie à Benavente le général de division Lefebvre-Desnouettes,colonel-général des chasseurs à cheval de la Garde,à la tête de son régiment et de l’escadron des mameluks.Ils arrivent sur la rive gauche,la ville se trouve sur la rive droite,elle parait abandonnée.Le régiment traverse la rivière d’Esla à gué avec 1500 cavaliers,dépasse la ville déserté de ses habitants.Mais un peu plus loin 5000 cavaliers Anglais tombent sur les troupes Française,les Français se tirent assez bien du guet-apens,mais le général Lefebvre-Desnouettes est fait prisonnier.Napoléon est furieux,la poursuite continue.

 

Dans leur fuite en avant,les Anglais coupent tout les ponts,les fantassins sont obligés de se déshabiller,placent leurs effets et leurs armes sur la tête et rentre dans l’eau glaciale.Le 1er janvier 1809,le mauvais temps continuant,l’Empereur fit séjour avec ses troupes dans la ville d’Astorga.Elles trouvèrent en abondance des vivres,et logèrent dans les maisons abandonnés par leurs habitants.Napoléon visita successivement toutes les maisons,parla aux soldats et releva leurs moral.Le lendemain,l’Empereur reçut par un aide de camp du ministre de la guerre des lettres annoncant des mouvements hostile de l’Autriche pour attaquer l’Empire Français.Il se résolut à retourner en France avec sa garde,il fit poursuivre les Anglais par les corps des maréchaux Ney et Soult.Le maréchal Soult joignit l’armée ennemie dans la montagne de Léon et battit son arrière-garde à Villafranca.L’armée anglaise gagna en toute hâte le port de la Corogne;mais une tempête empécha l’embarquement,elle durent se résoudre à livrer bataille aux troupes du maréchal Soult.Le général Moore fut tué pendant la bataille,et son armée ne parvint à gagner ses vaisseaux qu’après des pertes immenses.

Siège de Saragosse

Saragosse.Ville située entre l’Ebre et un de ses affluents est entourée de couvents et de maisons réunis par de gros murs et la masse énorme
du chateau de l’Inquisition qui s’y dresse.L’intérieur de la ville est un labyrinte de ruelles étroites,entrecoupées.L’ensemble est fait de pierres
solide.Le premier siège eu lieu pendant l’été 1808(du 15 juin au 13 août).En apprenant les événements de Bayonne et les violences que Napoléon voulait faire à l’Espagne,sa nombreuse population se leva comme un seule homme.Les moines,les femmes et même les enfants prirent les armes.On fortifia les epaisses murailles,des canons y furent placés;toutes les maisons furent crénelées,les rues barricadées.Les habitants s’enrégimentèrent et prirent pour chef José de Palafox, colonel des gardes du corps et ami dévoué de Ferdinand VII.Quand Napoléon apprit l’insurrection de Saragosse,il pris contacte avec le prince Pignatelli, seigneur d’Aragon,qui se trouvait alors à Paris,et l’engagea à user de son influence pour calmer leurs effervescences.Le prince accepta la mission et arriva à Saragosse,la population,à l’exemple de Palafox,pense qu’il vient combattre les Français,mais dès qu’il parle de soumission,il se voit assailli par la foule hostile qui voulait le pendre,Palafox intervint,et le prince finit dans un cachot,sa détention dura huit à neuf mois.

Les artilleurs commencèrent à bombarder,des brèches ayant été faites,plusieurs divisions Françaises conduitent par le général Verdier
se présentèrent devant Saragosse.A peine les colonnes Française furent-elles à porter de tir,qu’un feu meurtrier partant des fenêtres,des clochers, des toits et des soupiraux de caves,leurs fit éprouver de telles pertes qu’elles furent obligées de battre en retraite.Les troupes cernèrent alors la place,dont elles commmencèrent le siège avec plus de méthode,mais la retraite du roi Joseph contraignit le corps Français à se retirer.Le siège fut levé le 13 août.

 

Le second siège débuta au mois de décembre 1808.Les assiégés résistèrent aux troupes Française envoyer par le maréchal Lannes,Napoléon irrité de la lenteur des opérations commanda à Lannes d’aller y voir en personne.Les assiégés comprenait 30 000 soldats plus autant de paysans et d’habitants armés.Les français comptait 30 000 hommes,commander par d’excellent officiers,tandis que dans la ville tout était inexpérience et confusion.Le mot d’ordre était de défendre jusqu’à la mort,les paysans était les plus acharnés.Le 26 janvier,le gros couvent de San Engracia fut enlevé par les tirs de canons puis par les assauts de la légions Polonaise de la Vistule.De violents combats eurent lieu dans les réfectoires,les chapelles,les couloirs,les moines fanatiques se battaient comme des démons,les soldats prograissaient très lentement en édifiant des murettes avec des sacs de blé,des ballots de laine,voir même de livres entasser les uns sur les autres,vouloir franchir un espace à découvert était pur folie.La même lente progression continuait sous terre,les hommes du génie commander par le général Lacoste creusait à la lueur des torches aux fumées suffoquante,posaient des mines dans les maisons qu’ils faisaient sauter,puis passaient à la suivante.Débouchant dans les caves remplit d’Espagnols,de violents combats s’ensuivaient au milieu des jarres de vin et d’huile,six cents morts par jour selon un rapport,on continue à se battre pour enlever un hopital de fous,une église,on se bat au milieu de cerceuils.

Guerre d'Espagne
Assaut des troupes françaises contre le Monastère de Santa Engracia le 8 février 1809

La mort faisait des ravages affreux parmis les habitants et la garnison de Saragosse,dont le typhus,la famine,le fer et le feu avaient fait périr
près d’un grand tiers.Du côtés Français,le camp se trouve hors de la ville,on y manque de tout,les convois ne passe pas.Les tableaux des couvents et des églises servent de toit aux baraques.Les bléssés et les malades sont entassés dans des couvents nauséabond.Le 19 février,Palafox demanda une suspension d’armes de trois jours.Le lendemain,une junte formé de 40 membres demande un armistices et le feu cessa.Huit mille défenseurs sortirent de la ville et défilèrent devant le maréchal Lannes après avoir déposer les armes.Palafox fut traiter sans considération.Le second siège de Saragosse avait coûté aux Français 4 000 morts,dont beaucoup de sapeurs du génie,la ville renfermait plus de six mille cadavres.Lannes écrira cette phrase à l’Empereur. »Sire,cette guerre me fait horreur. »

Malgré les problèmes rencontrés en Espagne, Napoléon décide d’engager des moyens considérables pour venir à bout du Portugal (). Il confie au maréchal Masséna la conduite de la troisième invasion napoléonienne au Portugal, la coalition anglo-portugaise étant commandée par Wellington. L’invasion française se heurte à une politique de la terre brûlée terriblement efficace et vient buter contre les lignes de Torres Vedras construites dans le plus grand secret. Après avoir chassé les Français du royaume portugais, Wellington poursuit son offensive en Espagne avec la bataille de Fuentes de Oñoro () et le siège de Ciudad Rodrigo (1812) qui permettent à Wellington d’avancer vers Madrid.

 

L’échec de Masséna devant Torres Vedras et les succès de Wellington ont aussi été expliqués par le manque de moyens accordés par Napoléon et la décentralisation du commandement des différentes armées françaises dans la péninsule dirigées de fait depuis Paris. Selon certains, Napoléon se serait désintéressé de ce théâtre d’opérations. Selon d’autres, l’Empereur y aurait consciemment cherché à immobiliser des forces britanniques, de peur qu’elles n’interviennent dans des débarquements britanniques visant à détruire les bases navales françaises en plein essor.La campagne de Russie obligea l’empereur à dégarnir des troupes d’Espagne.

 

Napoléon l’avoua à Sainte-Hélène : « cette malheureuse guerre d’Espagne a été une véritable plaie, la cause première des malheurs de la France ». On estime que le conflit retint 300 000 soldats français. L’Espagne fut un piège et un boulet pour la politique expansionniste de l’empereur. Les Espagnols gardent un fier souvenir de cette guerre. Unis malgré leur divergences, ils ont réussi à repousser l’armée française. Grande animatrice de la résistance, l’Église catholique retrouva une nouvelle vigueur. Toutefois, à la sortie de la guerre, le pays était dévasté. Il rata d’ailleurs le virage de la modernisation agricole et industrielle au XIXe siècle.