Aigle impérial

Jean-Mathieu Philibert Sérurier (Laon, 8 décembre 1742 – Paris, 21 décembre 1819), fut un général de la Révolution française et Maréchal d’Empire (1804). Il fut également nommé Comte d’Empire et devint Pair de France à la Restauration.Vice doyen des maréchaux,il comptait trente quatre ans de services dans les armées du roi,au moment de la révolution.

 

Originaires de la Champagne,ses ancêtres connus dans la région depuis le XVII ème siècle,avaient occupé des emplois dans l’armée et dans l’administration royal.Son père,Mathieu Guillaume Serurier était officier chez le roi,y exerçant la fonction de taupier(preneur de taupes) des haras royaux de Laon.De petite noblesse,il possedait une petite terre seigneuriale à Saint Gobert,près de Vervin.Ses  titres,certe modeste,lui permirent d’obtenir pour son fils âgé de treize ans ,un brevet au bataillon de milices de Laon.Le jeune Serurier est enseigne au régiment d’infanterie d’Aumont,et part pour la campagne d’Allemagne.Au moment de son départ,son père le prit à part et lui dit: »Mon fils,je ne puis t’offrir qu’une épée;qu’elle soit ta fortune,et que toujours l’honneur la dirige ».Le futur maréchal n’oublira jamais ces paroles qui dictèrent sa conduite sa vie durant.

 

Le 31 juillet 1760, à l’assaut de la Tour de Warbourg, en Hanovre,il est blessé d’un coup de feu qui lui brise la machoire.En 1762,il prend part à l’expédition de Portugal.Réformé le 10 décembre,il est réintégré ,au bout de quatre mois,comme sous lieutenant au régiment de Beauce-infanterie ou il remplit la fonction d’instructeur.En juillet 1770, son régiment s’embarque pour la Corse,Napoléon à alors 1 ans quand son futur Maréchal arrive sur l’île.Il y restera quatre ans y commandant un régiment de chasseur.De retour en France,il passe lieutenant en premier,le 16 juin 1776,capitaine en 1778,et commandant en juin 1783;entre temps,il à été décoré de la Croix de Chevalier de Saint-Louis.

 

 

Il participe à la guerre de Sept Ans. Sa carrière est très lente, et il n’est que lieutenant-colonel lorsqu’éclate la Révolution française. Il est alors nommé général de brigade, puis général de division à l’armée d’Italie. Sous les ordres de Bonaparte, il se distingue à la bataille de Mondovi ou il mets en déroute les Piémontais et assiège victorieusement Mantoue lors de la première campagne d’Italie. Apprécié du général en chef pour son intégrité et sa droiture morale Bonaparte lui montre sa satisfaction en lui confiant l’honneur de porter au Directoire 22 drapeaux pris à l’ennemis. Il ne participe pas à la campagne d’Égypte.Il est nommé gouverneur de Venise. Apprécié des Vénitiens pour sa droiture ,sa bonne administration et son esprit de justice.Il put maintenir l’ordre et la tranquilité dans une population divisé.Le 18 janvier 1798,il doit évacuer Venise.Il reprend le commandement d’une division le 5 février.Il se signale à Pastrengo ,mais il est repoussé devant Vérone et fait prisonnier par les Autrichiens à Verderio le 28 avril  1799, malgré une vigoureuse résistance;ce fut son dernier combat.

 

Sérurier doit capituler dans la soirée du . 243 officiers et 3 847 soldats sont faits prisonniers selon les Impériaux, 2 400 selon Tuetey. Les troupes de Vukassovich déplorent 2 750 hommes hors de combat, soit la moitié des pertes subies par les Coalisés à Cassano. L’aile gauche de Sérurier restée près du lac de Côme parvient quant à elle à s’échapper et à rejoindre l’armée principale.

 

Conduit à Milan avec les autres officiers prisonniers, Sérurier est reçu par Souvorov qui lui rend son épée prise lors de sa capture et l’autorise à rentrer en France sur la promesse de ne plus reprendre les armes contre la Coalition jusqu’à la fin de la guerre. Lors du dîner, après avoir vainement tenté de soutirer à son hôte des renseignements militaires, Souvorov s’étonne qu’un homme aussi distingué soit au service de la République française, ce à quoi Sérurier répond : « mon père, en me remettant mon épée, m’a expressément ordonné de ne m’en servir que pour la défense de mon pays ». L’historien britannique Ramsay Weston Phipps considère Verderio comme le plus grand désastre de la carrière de Sérurier, expliquant que celui-ci était accoutumé à voir Bonaparte rétablir des situations compromises par de savantes manœuvres. Moreau, revoyant le général après sa libération, le blâme sévèrement pour sa conduite, mais reconnaît plus tard dans une lettre au gouvernement que la seule erreur commise par Sérurier dans cette affaire a été de se conformer un peu trop rigoureusement à ses ordres. Ce lourd échec met fin à la carrière militaire active de Sérurier.

 

Le vaincu de Verderio, rentré à Paris, est mis sur la touche par le Directoire ce qui accentue son ressentiment contre le pouvoir en place. La même année, Bonaparte revient d’Égypte. Le , il convie Sérurier chez lui, lui fait part de son projet de renverser le Directoire et parvient à convaincre le vieux soldat d’adhérer au complot. 

 

Sérurier assiste passivement au coup d’État du 18 Brumaire.

 

Le Premier consul, puis l’Empereur le récompense en le nommant gouverneur des Invalides en 1803 et maréchal d’Empire honoraire l’année suivante. Trop âgé pour faire campagne, Sérurier ne participe à aucune des campagnes de l’Empire et continue d’administrer l’hôtel des Invalides jusqu’à la chute de Napoléon. Le 30 mars 1814, lors de la bataille de Paris, il ordonne la destruction dans la cour des Invalides,des 1417 drapeaux et étendards pris à l’ennemis,ainsi que l’épée et les décorations du Grand Frédéric que Napoléon avait ramené de Postdam. Les cendres de de ces glorieux trophées furent ensuite jetées dans la seine du haut du pont d’Iéna.Serurier à pris cette nuit la une décision héroïque mais fort discutable. Les cacher en lieux sûr aurait été plus judicieux.  Le maréchal, déjà nommé comte de l’Empire par l’Empereur, devient pair de France à la Restauration. Il meurt discrètement rue Duphot, à Paris, en 1819. Dans ses Mémoires, le maréchal Marmont le décrit comme « aimant bien, probe, désintéressé, homme de devoir et de conscience ». Bon divisionnaire, les performances de Sérurier sur le champ de bataille font l’objet d’évaluations mitigées, mais il est surnommé « la Vierge d’Italie » pour ses vertus morales et sa répugnance à participer au pillage des territoires conquis.

 

Bon soldat, Sérurier est aimé de ses hommes et il s’attache en toute circonstance à traiter les populations civiles avec respect. La facilité de son caractère lui permet d’entretenir de bonnes relations entre les troupes de l’armée d’Italie et celles de l’armée des Alpes stationnée à proximité. Le général Kellermann, qui dirige les deux armées, écrit quant à lui à propos du combat remporté par Sérurier : « c’est au calme et au courage de cet excellent officier qu’est dû le succès de cette glorieuse journée »

 

Maréchal d’Empire et gouverneur des Invalides

Sérurier est élevé à la dignité de maréchal d’Empire honoraire le 19 mai 1804, peu après l’avènement du Premier Empire. Son nom apparaît aux côtés de Kellermann, Lefebvre et Pérignon, tous anciens généraux de la République. Lors de la cérémonie du sacre le 2 décembre, Sérurier porte l’anneau de l’Impératrice. À ces différents honneurs s’ajoutent la plaque de grand aigle de la Légion d’honneur en février 1805, le grand-cordon de la Couronne de fer et le titre de comte de l’Empire en mai 1808. Le 10 mars de la même année, il obtient une dotation de 20 000 francs sur la Westphalie et une autre de 20 000 francs sur l’électorat de Hanovre. Lors du débarquement britannique à Walcheren en 1809, la France est menacée d’invasion et Sérurier devient commandant général de la garde nationale de Paris. Cependant, le titre n’est qu’honorifique, car c’est Moncey qui en assure le commandement effectif lors de la défense de Paris, le 30 mars 1814.

 

De même que Pérignon,le maréchal Serurier,ne participa pas aux guerres de l’Empire.Sa carrière prit fin en 1799 après plus de quarante ans de services. Il avait acquis au long des années une grande expérience de la  guerre.C’était un maréchal calme et réfléchi,excellent organisateur ;il exécutait exactement les ordres reçus.mais livré à lui même ou mal commandé,il perdait beaucoup de ses moyens.A la fin de la campagne d’Italie,après le départ de Bonaparte,il fut placé sous le commandement médiocre de Schérer;ce furent les échecs de Vérone,de Magnano et la capitulation de Verderio.

 

Personnalité

« Sa taille était haute, son air sévère et triste, et une cicatrice à la lèvre allait bien à sa figure austère. ,Il avait des opinions opposées à la Révolution. »Mesurant 1,87 m Sérurier est décrit comme un homme au visage triste et peu séduisant, les cheveux coiffés à l’ancienne mode et n’arborant ni moustache ni favoris. Les yeux bleus,un nez fort et aquilin.Modeste, il est aussi d’une grande rigueur et son sens du devoir le pousse à être très exigeant avec ses subordonnés, à qui il impose des conditions de vie aussi drastiques que les siennes. Sa personnalité très réservée et ses manières, contrastant fortement avec l’exubération propre aux généraux de l’armée d’Italie à cette époque, contribuent à lui forger une réputation d’aristocrate. L’apparence qu’il donne à voir conjuguée à son imposante stature suscitent cependant le respect autour de sa personne

Mort

Jean Mathieu Philibert Sérurier succombe à une paralysie du cerveau dans son appartement parisien de la rue Duphot, le 21 décembre 1819, et ses obsèques ont lieu le 24 décembre au cimetière du Père-Lachaise. Le maréchal Soult et le général Pamphile de Lacroix prononcent les éloges funèbres. Sa dépouille est déposée aux Invalides en 1847.

 

Le nom du maréchal Sérurier est inscrit au côté sud de l’arc de triomphe de l’Étoile à Paris

 

« Sérurier, né dans le département de l’Aisne, était major d’infanterie à l’époque de la Révolution ; il avait conservé toutes les formes et la rigidité d’un major. Il était fort sévère sur la discipline et passait pour aristocrate, ce qui lui a fait courir bien des dangers au milieu des camps, et surtout dans les premières années. Il a remporté la bataille de Mondovi et pris Mantoue. Il a eu l’honneur de voir défiler devant lui le maréchal Wurmser. Il était brave, intrépide de sa personne, mais peu heureux. Il avait moins d’élan que Masséna et Augereau ; mais il les dépassait par la moralité de son caractère, la sagesse de ses opinions politiques et la sûreté de son commerce. Il eut l’honorable mission de porter au Directoire les drapeaux pris au prince Charles. »

 

— Napoléon 1er, Mémorial de Sainte-Hélène.

Sabre Briquet